Après le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, la chancelière allemande et le président français donneront mercredi après-midi le coup d'envoi d'une kyrielle de discours, plus de 150 ministres et responsables gouvernementaux devant se succéder en deux jours à la tribune de la 23e conférence de l'ONU sur le climat, la COP23, réunie jusqu'à vendredi dans l'ancienne capitale fédérale.
Cette séquence politique se tient après plus d'une semaine de discussions techniques menées par les négociateurs des différents pays, sur la mise en application de l'accord de Paris.
Adopté par la communauté internationale en décembre 2015, ce texte vise à contenir le réchauffement planétaire sous 2°C par rapport à la période pré-industrielle.
"C'est le moment (pour Mme Merkel et M. Macron) de montrer que le couple franco-allemand est dynamique et ambitieux" sur la question des émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique, et qu'"il va s'emparer de ce sujet en 2018", estime Armelle Le Comte, de l'ONG Oxfam France. Les deux pays "savent qu'ils peuvent jouer un rôle essentiel dans la transition énergétique de l'Europe", souligne-t-elle.
Dans une lettre ouverte soulignant "l'urgence climatique", 18 ONG environnementales appellent les deux dirigeants à faire de la transition écologique en Europe leur "priorité". "2016 fut l'année la plus chaude jamais enregistrée et 2017 est en voie de battre les records en matière de catastrophes climatiques extrêmes", soulignent-elles.
'Lourde tâche'
Mme Merkel, qui avait présidé la première COP en 1995 à Berlin en tant que ministre de l'Environnement, "a été pendant des années une grande championne du climat", rappelle Jennifer Morgan, directrice de Greenpeace International. "Nous l'avons vu cet été lorsque le G20 est devenu un G19 climat", après la décision de Donald Trump de retirer les Etats-Unis de l'accord de Paris.
Mais sa crédibilité est aujourd'hui en jeu, estime l'ONG, qui appelle l'Allemagne à abandonner le charbon sous peine de manquer ses objectifs climatiques.
Les ministres qui s'exprimeront à Bonn "ont une lourde tâche", notamment avancer sur la question du soutien promis par les pays riches aux pays pauvres, ajoute Mohamed Adow, de l'ONG Christian Aid. "Cette réunion n'a pas progressé sur plusieurs sujets essentiels (...) Presque comme si les négociateurs s'étaient crus à la plage" en participant à cette COP présidée par les îles Fidji.
Côté américain, le sous-secrétaire d'Etat aux Affaires politiques Thomas Shannon devait prendre la parole jeudi. En raison d'"une urgence familiale", il sera finalement remplacé par Judith Garber, secrétaire d'Etat adjointe aux océans et aux affaires scientifiques et environnementales internationales, a annoncé mardi soir le département d'Etat.
"De nombreux négociateurs ne sont pas contents de la manière dont les Etats-Unis se sont comportés dans certaines des discussions", souligne Alden Meyer, de l'ONG scientifique Union of concerned scientists. "Et des choses comme l'initiative sur les énergies fossiles n'ont pas rendu les choses plus faciles".
Lors d'une réunion organisée par la Maison Blanche lundi soir à Bonn, des conseillers de l'administration Trump et des dirigeants d'entreprises énergétiques américaines sont venus défendre les énergies fossiles, une soirée bousculée par des défenseurs des énergies vertes.
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