Les dirigeants de la région ont rivalisé d'efforts pour soigner un président américain notoirement sensible aux honneurs et au faste. "Ce fut un tapis rouge comme personne ne l'avait jamais vu", a-t-il raconté, ravi.
Golf et dîner de gala à Tokyo, opéra et Cité interdite à Pékin pour une "visite d'Etat". Et à Séoul, toast présidentiel en l'honneur d'un homme qui "rend déjà à l'Amérique sa grandeur".
Le locataire de la Maison Blanche, novice en diplomatie et qui a peu de goût pour les longs déplacements, a évité les faux-pas et est apparu plutôt à l'aise.
Mais au-delà des photos soignées, les questions demeurent sur l'impact concret de ce long voyage.
De Tokyo à Manille en passant par Séoul, Pékin et Hanoï, le président septuagénaire a martelé deux priorités: accentuer la pression face à la menace nucléaire nord-coréenne et défendre un meilleur accès aux marchés asiatiques pour les entreprises américaines.
'Rien n'a changé'
Mais le bilan de ces douze jours, qui se dessinera dans la durée, pourrait être maigre.
"Si vous comparez avant et après la tournée asiatique de Trump, rien n'a vraiment changé (sur le dossier nord-coréen)", explique à l'AFP Go Myong-Hyun, de l'Asan Institute, centre de réflexion basé à Séoul.
Pékin, premier partenaire économique de Pyongyang, "n'a rien promis de nouveau (...) et s'en tient à sa position", résume-t-il.
Certains experts relèvent cependant que les échanges entre les présidents des deux premières puissances mondiales pourraient porter leurs fruits sur le moyen terme.
"Xi Jinping a très bien accueilli Donald Trump, la relation entre les deux pays est relativement stable. Dans ce contexte, il ne rejettera pas en bloc les demandes de ce dernier", prédit Cheng Xiaohe, enseignant à la Renmin University, à Pékin.
Sur les échanges commerciaux, Donald Trump, qui a accusé ses prédécesseurs démocrates et républicains d'avoir manqué de poigne pendant des décennies, a-t-il réussi à faire bouger les lignes ?
Pékin a annoncé son intention d'élargir l'accès des entreprises étrangères à son secteur financier, mais les points de blocage restent nombreux.
Conscient de n'avoir pas décroché de spectaculaires concessions, le président américain a mis en avant une moisson de contrats pour un montant total de 300 milliards de dollars.
Mais nombre de ces documents, signés avec force mise en scène, sont souvent de simples lettres d'intention. Et ne changent rien sur la durée aux déficits commerciaux abyssaux de l'Amérique.
Cheng Xiaohe ne voit dans ces contrats que "des anti-douleurs qui offrent un répit temporaire dans le contentieux commerciaux entre la Chine et les Etats-Unis".
Au-delà, c'est sur la vision à long terme, l'évolution des rapports géo-stratégiques dans cette région cruciale pour les Etats-Unis, que les espoirs placés dans ce voyage ont été déçus.
'America First'
Le grand discours de Danang, au Vietnam, vanté à l'avance par la Maison Blanche comme un moment fort de la présidence, faisait par moment plutôt penser à meeting électoral mené au son d'"America First".
Dressant le tableau d'une Amérique victime d'"abus commerciaux chroniques", il a fustigé avec une rare violence les accords multilatéraux qui "lient les mains" de son pays.
Et sa vision d'une "région Indo-Pacifique libre et ouverte" reste à écrire. "Il reste à voir ce en quoi ce concept peut se traduire concrètement", souligne Yoshinobu Yamamoto, professeur à l'Université de Niigata.
Pour Ryan Hass, ancien conseiller Asie de Barack Obama, le voyage présidentiel a renforcé l'impression que "la région va de l'avant et accélère, tandis que les Etats-Unis regardent en arrière".
Il cite en particulier la décision de 11 pays d'Asie-Pacifique de faire vivre l'accord de libre-échange (TPP) que M. Trump a quitté abruptement. Ou encore les appels de Xi Jinping à embrasser un mondialisation "irréversible" qui contrastaient avec le nationalisme économique de son homologue américain.
Sur le plan personnel, si son entente avec le Premier ministre japonais Shinzo Abe est bien réelle, sur les terrains de golf et au-delà, l'alchimie avec Xi Jinping est infiniment plus complexe.
M. Trump a mis en avant ses "très bonnes relations" avec le dirigeant chinois "un homme fort (...) plus puissant que Mao selon certains". Mais il est difficile de prédire comment la relation évoluera dans les années à venir en cas de pic de tensions.
Fait remarquable: en douze jours, le 45e président des Etats-Unis n'aura pas une seule fois évoqué la question du réchauffement climatique.
C'est précisément à Pékin, il y a trois ans, que Barack Obama était venu sceller un accord inédit avec la Chine qui allait servir de socle à l'accord de Paris sur le climat.
Un accord que Donald Trump a quitté avec fracas au nom de la défense des intérêts américains.
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