Sur 62 médicaments "passés au crible" sous le contrôle du professeur Jean-Paul Giroud, pharmacologue clinicien reconnu, membre de l'Académie de médecine, et Hélène Berthelot, pharmacienne, seuls 21% d'entre eux (13) comme Vicks Vaporub, Imodiumcaps, Gaviscon menthe, Forlax 10 G, Maalox sans sucre (mais Xolaam, son jumeau méconnu est vendu environ 2 fois moins cher), sont "à privilégier".
"Ils ont un rapport bénéfice/risque favorable", indique le magazine dans un hors-série consacré aux médicaments sans ordonnance.
"De toute façon, la durée d'utilisation doit être courte", souligne le Pr Giroud.
Un tiers est classé "faute de mieux": leur efficacité est faible ou non prouvée mais ils n'ont pas, peu ou très rarement d'effets indésirables, poursuit le journal de l'Institut national de la consommation (INC).
En revanche, parmi ces 62 médicaments, près d'un sur deux (28) est tout simplement "à proscrire", le rapport bénéfice/risque étant défavorable en automédication.
En bonne place sur cette "liste noire" figurent des "stars anti-rhume" comme Actifed Rhume, DoliRhume et Nurofen Rhume. Ce sont des cocktails de deux à trois composés actifs : un vasoconstricteur (nez bouché), un antihistaminique (nez qui coule) et du paracétamol ou de l'ibuprofène (mal de tête). Ces tout-en-un cumulent des risques de surdosage et d'effets indésirables gravissimes (accidents cardiovasculaires, neurologiques, vertiges…), selon 60 Millions.
"En somme pour décongestionner un nez bouché, on met un bazooka à la disposition des malades", selon ce hors-série qui évoque notamment la pseudoéphédrine. Un produit que refuse par exemple de vendre le gérant d'une pharmacie bordelaise, relate le journal.
"Cette substance expose à des risques d'accidents cardio-vasculaires et d'AVC", observe le Pr Giroud qui qualifie ces médicaments à proscrire de "dangereux". "Ils devraient être retirés du marché", dit-il à l'AFP.
'Efficacité zéro'
Selon lui, des médicaments à base de pseudoéphédrine par voie orale sont vendus sans ordonnance alors qu'ils délivrent jusqu'à 30 fois la dose de ceux qui s'administrent par voie nasale et qui sont accessibles seulement sur ordonnance.
Pour les médicaments destinés à soulager la toux, le bilan de 60 Millions de consommateur n'est guère mieux, avec seulement un médicament à privilégier et 60% à proscrire. "C'est l'hécatombe par rapport à l'étude que nous avions réalisée en 2015, où il y avait 35 % de médicaments à privilégier et +seulement+ 50 % à proscrire", écrit la revue.
Cette dégradation provient du fait que, depuis juillet, les sirops ou comprimés à base de dextrométhorphane (dérivé opioïde), une substance efficace qui certaines toux sèches et fatigantes, ne sont plus accessibles sans ordonnance. Et ce en raison d'un détournement "marginal" de cette substance par des ados (via des cocktails "purple drank"" mêlant sodas et produits pharmaceutiques), explique à l'AFP Adeline Trégouët, rédactrice en chef déléguée du magazine.
Il y a 4.000 médicaments en vente sans ordonnance, chiffre incluant par exemple des bouteilles de sirop de tailles différentes ou des boîtes avec plus ou moins de comprimés, et parmi eux près de 600 sont en accès direct en pharmacie, d'après le Pr Giroud, auteur d'"Automédication. Le guide expert" (édition La Martinière, 2017). "Il y a un problème d'information, le public ne connaît les médicaments que par la publicité or elle n'est pas véritablement informative", déplore le pharmacologue.
Le magazine épingle parmi d'autres produits des pastilles pour la gorge à base d'anti-inflammatoires comme Strefen sans sucre, qui présente inutilement un risque d'hémorragies digestives. Également dans le collimateur des fluidifiants bronchiques qui n'ont jamais fait la preuve de leur efficacité et peuvent être source d'allergie et d'irritation du tube digestif, selon le Pr Giroud.
Plus généralement, "si le risque zéro n'existe pas, malheureusement l'efficacité zéro, elle, est indiscutable pour plus de 55% des médicaments d'automédication" disponibles sur le marché, s'indigne ce spécialiste.
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