La réunion à huis clos, organisée dans le Palais blanc, face au palais présidentiel de Miraflores, a débuté en début d'après-midi.
Selon les autorités, 414 créanciers, soit 91% des détenteurs de dette, participent à cette réunion convoquée par le président Nicolas Maduro, fragilisé depuis des mois par une profonde crise économique et politique.
Mais l'agence Bloomberg a indiqué qu'aucun des investisseurs étrangers qu'elle a contactés la semaine dernière n'envisageait de répondre à l'invitation du dirigeant socialiste.
Le Venezuela veut restructurer - c'est-à-dire rééchelonner les remboursements voire diminuer ou effacer des créances - sa dette extérieure, estimée à 150 milliards de dollars, car il ne dispose plus que de 9,7 milliards de réserves et doit rembourser d'ici la fin de l'année de 1,47 à 1,7 milliard, puis 8 milliards en 2018.
Dimanche, Nicolas Maduro a martelé que son pays ne se déclarerait "jamais" en défaut de paiement.
"Ils ont spéculé sur le fait que le Venezuela se déclarerait en défaut (de paiement). Jamais! Le défaut (de paiement) ne se produira jamais au Venezuela", a-t-il asséné à la télévision. "Maintenant notre stratégie est de renégocier et de refinancer toute la dette".
Selon l'économiste Luis Vicente Leon, M. Maduro cherche à convaincre les créanciers américains - qui ont intérêt à ce que la dette soit restructurée - de faire pression sur l'administration Trump.
Mécontentement populaire
Les observateurs demeurent réservés sur le succès de la réunion, car Washington interdit à ses banques et citoyens d'acheter de nouvelles obligations ou de négocier des accords avec le gouvernement vénézuélien. Selon Caracas, 70% des créanciers sont Nord-américains (Etats-Unis et Canada).
En outre, les deux dirigeants chargés de renégocier la dette, le ministre des Finances Simon Zerpa et le vice-président Tarek El Aissami, sont frappés par des sanctions empêchant tout Américain de traiter avec eux.
Toutes les agences de notation anticipent un défaut du Venezuela, jugeant ses réserves insuffisantes. Leurs avis divergent seulement sur les délais.
Un défaut aggraverait la récession qui a fait plonger le PIB de 36% en quatre ans et couperait le pays et son groupe étatique pétrolier PDVSA des marchés, tout en les exposant à des poursuites et à la saisie d'actifs et de filiales à l'étranger.
Autrefois le plus riche d'Amérique latine, le pays pétrolier, ruiné notamment par la chute des cours du brut, n'est plus que l'ombre de lui-même.
La majorité des aliments et médicaments ont disparu des rayons faute d'importations, suscitant un violent mécontentement populaire, cristallisé dans les manifestations du printemps, qui ont fait 125 morts.
Nicolas Maduro a assuré dimanche négocier avec la Russie et la Chine, deux alliés auxquels le Venezuela doit respectivement huit et 28 milliards de dollars.
Les pourparlers avec Pékin se déroulent "parfaitement" et un accord a été conclu avec Moscou pour restructurer environ trois milliards de dollars de créances, a-t-il affirmé.
Réunion mardi à New York
Parallèlement, à New York, un comité spécialisé de l'ISDA (Association internationale des produits dérivés), composé de 15 sociétés financières, devait décider des suites à donner à un retard de paiement de Caracas de 1,16 milliard de dollars.
Il a annoncé qu'il allait "poursuivre ses discussions" lors d'une nouvelle réunion mardi à 11H00 (16H00 GMT) après avoir "reçu des informations supplémentaires".
Une décision négative de l'ISDA pourrait déclencher un défaut partiel aux conséquences imprévisibles pour Caracas.
Lundi en milieu d'après-midi, le gouvernement vénézuélien n'avait toujours pas confirmé le règlement de 81 millions de dollars - des intérêts dus par PDVSA - arrivé à échéance vendredi, ni celui d'un autre versement de 200 millions, programmé lundi.
Le défaut partiel ou total d'un État peut être prononcé par son gouvernement, une agence de notation, un créancier privé ou l'ISDA.
De son côté, la communauté internationale accroît la pression sur Nicolas Maduro, accusé de radicalisation.
Lundi à Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont adopté des sanctions, dont un embargo sur les livraisons d'armes.
Le Venezuela devient ainsi le premier pays d'Amérique latine à être visé par de telles mesures de l'UE qui traduisent "l'inquiétude que lui inspire la situation".
A New York était aussi prévue une réunion informelle de l'ONU sur le Venezuela à l'initiative des États-Unis, en vue d'une action internationale pour éviter que sa crise ne se transforme en menace à la sécurité.
A LIRE AUSSI.
Journée décisive pour le Venezuela proche du défaut de paiement
Maduro: le Venezuela ne se déclarera "jamais" en défaut de paiement
Le Venezuela sous la menace du défaut de paiement
Venezuela: pas de décision de la Cour suprême sur la procureure dissidente
Le Venezuela veut des excuses américaines pour son vice-président
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.