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Le 13 novembre devenu "un jour comme un autre"

"Le temps qui passe", "un lundi, ça tombe mal" ou une information "mal relayée": chacun avait son explication pour justifier la faible affluence aux cérémonies marquant le deuxième anniversaire des attentats du 13 novembre 2015, les plus meurtriers commis en France.

Le 13 novembre devenu "un jour comme un autre"
La plaque à la mémoire des victimes des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, le 13 novembre 2017 - STEPHANE DE SAKUTIN [AFP]

Accoudée à une barrière, à quelques mètres du Bataclan, Christelle Bergeroo attend que le nom de son amie, décédée avec quatre-vingt-neuf autres dans la salle de concert, soit prononcé au micro. A sa main, une rose, qu'elle ira déposée à l'issue de la cérémonie à laquelle environ 200 personnes ont assisté.

"Je suis étonnée, il n'y a pas tant de monde et peu de fleurs. On est quand même censé être là pour se recueillir", regrette-t-elle. Cette femme de 47 ans dit aussi son sentiment de n'être entourée que "de simples badauds venus ici un peu par hasard".

"Quelle merde!", pestait quelques minutes plus tôt un riverain, agacé de devoir contourner l'important dispositif policier aux abords du Bataclan. A ces mots, Christelle Bergeroo, salariée de Médecins sans Frontières, s'indigne: "Quel manque de respect, des gens sont morts..."

Malgré une maigre affluence, Pascal Silvestre, dont une cousine a perdu son compagnon "amoureux du rock", retient qu'il y a "quelques drapeaux accrochés aux fenêtres". Mais "peut-être aussi que nous, proches de victimes, on veut croire que tout ça ne va pas disparaître rapidement", concède-t-il.

Venu "par hasard" devant le bar Le Carillon, l'une des terrasses visées par les balles des commandos jihadistes qui ont fait au total 130 morts, Miguel Fleuriot, 28 ans, reconnaît "avoir zappé" le deuxième anniversaire et avoue qu'il croyait même "que c'était il y a un an seulement".

Un oubli que Tanguy Vinger, 17 ans, "ne peut pas accepter". Amer face à une affluence "décevante", il constate que "pour certains, c'est devenu un jour comme un autre". Le lycéen a séché les cours pour venir: "de toute façon, je n'aurais pas pu me concentrer".

"Tourner la page"

A ses côtés, quelques grappes de personnes, essentiellement des retraités.

"L'an dernier, c'était un dimanche. Un lundi, ça tombe mal, beaucoup travaillent", excuse Cristina Mathilde, une Brésilienne qui habite le quartier depuis 46 ans. Gardienne d'immeuble, elle a collé des affiches dans le hall pour informer ses résidents des commémorations.

Mais d'autres, comme Etienne Sag, venu devant le Bataclan "pour montrer aux victimes qu'elles ne sont pas seules", juge que l'information "n'a pas été assez relayée". Ce retraité de 64 ans se console devant la maigre foule: "cela veut dire que la vie continue".

Un optimisme que ne partage pas Francine Best, une habituée de La Bonne Bière, une brasserie où cinq personnes avaient perdu la vie le soir des attentats.

"Les actes de mémoire sont très importants", insiste cette agrégée de philosophie, qui constate, fataliste, que "la solidarité qui avait permis au quartier de se redresser formidablement a peu à peu diminué".

Maintenir le souvenir, c'est le combat des associations de victimes, dont Life For Paris, qui a organisé un rassemblement en marge du parcours officiel, devant la mairie du XIe arrondissement. Deux membres des Eagles of Death Metal, dont le chanteur Jesse Hughes, très ému, ont peu après improvisé un mini-concert surprise de quelques minutes.

"Se souvenir, ce n'est pas ressasser, c'est au contraire avancer", a dit le nouveau président de l'association Arthur Dénouveaux, dans une brève allocution construite sur l'anaphore "je me souviens".

"Les gens aimeraient que ça passe. On entend presque qu'il faudrait tourner la page, ça rassure les gens", analyse Jean-François Mondeguer, qui a perdu sa fille Lamia sur la terrasse de La Belle Equipe. "Il n'y a que le temps qui passe. Nous, on reste là, avec notre douleur".

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