"La pression est forte et on sait combien ce match est important. Pour nous, pour le pays et pour l'histoire de cette équipe", a confirmé dimanche Gianluigi Buffon.
Mais plus encore que pour les autres, le match de San Siro sera spécial pour le gardien et capitaine italien. Buffon a débuté en sélection en novembre 1997, déjà lors d'un barrage de qualification pour une Coupe du Monde, celle de 1998 en France.
Au fil de 174 sélections, il a tout connu sous ce maillot, à commencer par un titre de champion du monde en 2006, et il rêve de disputer l'été prochain ce qui serait sa sixième Coupe du Monde, un record absolu.
Mais aujourd'hui, il est plus proche de devenir le capitaine de la première équipe d'Italie sortie en éliminatoires de Mondial depuis 1958 que de Moscou.
Comment la Nazionale, quatre fois championne du monde et encore enthousiasmante quart de finaliste l'an dernier lors de l'Euro en France, a-t-elle pu en arriver là, à ce match aller joué sans idée ni fil directeur vendredi à Solna ?
'Donner quelques coups'
En poules, les Italiens ont été très logiquement devancés par l'Espagne, beaucoup plus forte. Mais ils ne se sont toujours pas remis du 3-0 concédé début septembre à Madrid, qui marque le début d'une spectaculaire perte de confiance.
Depuis, l'Italie joue mal, son sélectionneur Gian Piero Ventura s'entête dans un rigorisme tactique qui laisse systématiquement de côté le plus grand talent offensif du pays, l'ailier napolitain Lorenzo Insigne. Conséquence, une équipe aussi limitée que la Suède se retrouve en position de force.
"Toute la pression est sur l'Italie, qui est une grande nation du foot et qui ne manque pratiquement jamais la Coupe du Monde. Nous n'avons rien à perdre. On sait que ne pas prendre de but nous amènera au Mondial et c'est ce que l'on compte faire", a ainsi déclaré le capitaine suédois Andreas Granqvist dimanche.
A quoi peut donc se raccrocher l'Italie avant ce voyage au bord du vide ? "Les trois mots à retenir, c'est le coeur, la détermination et la tactique", a proposé Ventura dimanche.
Mais le sentiment dominant est que l'heure n'est plus vraiment aux controverses tactiques ou aux débats de tableau noir. Plutôt à renverser la table.
Pour cela, Andrea Barzagli a proposé "de donner nous aussi quelques coups", après une première manche où les Suédois ont volontiers joué des coudes, comme en témoigne le masque que portera Leonardo Bonucci à Milan.
'Apocalypse'
Surtout, les Italiens s'en remettent à San Siro, leur stade fétiche, où ils n'ont jamais perdu et où quelque 70.000 tifosi pousseront pour ne pas avoir à se demander à quoi ressemble une Coupe du Monde sans leur équipe favorite.
"San Siro va se faire entendre, mais je n'ai jamais vu de but marqué depuis les gradins. Les joueurs doivent donner plus", a tout de même prévenu samedi Andrea Pirlo, champion du monde en 2006 avec Buffon, De Rossi ou Barzagli.
Alors dans le doute, l'Italie se prépare à l'"Apocalypse", le terme choisi par le président de la fédération (FIGC) Carlo Tavecchio pour évoquer la perspective d'une non-qualification pour la Russie.
Paradoxale au moment où le Championnat d'Italie retrouve des couleurs et attire des investisseurs, chinois à l'AC Milan et à l'Inter ou américains à l'AS Rome, la crise traversée par la sélection pourrait en effet coûter cher.
Un parcours "moyen" en Russie est en effet évalué à environ 15 millions d'euros pour la FIGC, alors qu'une élimination dévaluerait sa vitrine aux yeux des sponsors et des télévisions, qui lui versent chaque année autour de 80 millions d'euros.
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