Q: Etablissez-vous un lien entre les conditions de travail et la consommation de substances licites et illicites ?
R: On est au 4e rang mondial en termes de productivité horaire en France (OCDE) et on est les premiers consommateurs de psychotropes, alors le lien m'apparaît évident. Il n'existe pas d'études statistiques précises sur ce lien, mais tous les médecins généralistes vous diront qu'ils prescrivent des traitements psychotropes aux gens pour tenir au travail.
Avec la frénésie qui s'est emparée des organisations du travail, tout le monde se dope pour tenir, dans tous les métiers. Comment faire autrement dans un monde du travail où la porosité entre la vie privée et la vie professionnelle est devenue totale, où vous travaillez de chez vous, où il faut répondre aux mails la nuit, où il y a une hyperdisponibilité, une hyperconnectivité avec une hypersollicitation cognitive ? On voit bien que les demandes de l'organisation du travail s'inscrivent dans un déni complet de la vulnérabilité du corps humain. Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, les outils fabriqués par l'homme le kidnappent en retour.
Q: De quelles substances s'agit-il ?
R: Il y a du dopage médicalisé et du dopage moins suivi, moins contrôlé. L'alcool a augmenté chez les jeunes, à côté de tous les produits légaux, antidépresseurs, anxiolytiques, boissons énergisantes mais aussi amphétamines pour se booster. Il y a des consommations spécifiques en fonction de la tribu à laquelle vous appartenez; dans certaines c'est le petit verre de vin blanc au café, dans d'autres les after hours. Chez les traders c'est la cocaïne, les amphétamines chez les artistes, le cannabis beaucoup pour redescendre, notamment chez les jeunes.
Q: Quelle est l'ampleur du phénomène et qui sont vos patients ?
R: Tous les secteurs professionnels sont impactés, mais ceux que nous voyons depuis deux, trois ans, sont les très hauts cadres de l'entreprise qui, de par la très grande autonomie et la très grande réussite qu'ils avaient dans leur travail, pouvaient trouver un équilibre entre souffrance et plaisir au travail, et sont maintenant tragiquement impactés, notamment les femmes.
Les épuisements professionnels actuels n'ont plus rien à voir avec les burn-out des soignants des années 70 qui s'épuisaient dans des causes impossibles, là on est dans des épuisements neurophysiologiques avec des atteintes définitives des fonctions intellectuelles, des organismes qui s'emballent et ne se calment plus. Ca fait le lit des +suicides blancs+, des gens épuisés qui se suicident pour se reposer enfin, pour que ça s'arrête.
On n'a jamais eu autant d'épisodes de stress aigu au travail - pétages de plomb en langage populaire - jamais autant de problématiques de syndromes métaboliques de prise de poids, d'envie de gras, de sucré, pour tenir au travail, de consommations de tous ordres et de toutes les drogues qui existent.
La situation est catastrophique et je pense que nos pouvoirs publics (...) feraient bien de voir ce que ça va coûter, car on va voir grimper les taux de suicide tout comme les taux de consommation.
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