Fragilisé depuis des mois par une profonde crise économique et politique, Nicolas Maduro a convoqué à Caracas une réunion de créanciers internationaux pour tenter de renégocier la dette du pays, estimée à 150 milliards de dollars.
Mais le Venezuela ne dispose plus que de 9,7 milliards de dollars de réserves et doit rembourser d'ici la fin de l'année de 1,47 à 1,7 milliard, et 8 milliards en 2018.
Les observateurs demeurent réservés sur le succès à attendre de cette réunion, fixée à 14H00 locales (18H00 GMT).
Dimanche, Nicolas Maduro a pourtant affirmé que son pays ne se déclarerait "jamais" en défaut de paiement.
"Ils ont spéculé sur le fait que le Venezuela se déclarerait en défaut (de paiement). Jamais ! Le défaut (de paiement) ne se produira jamais au Venezuela", a-t-il asséné dans son intervention télévisée dominicale.
"Maintenant notre stratégie est de renégocier et de refinancer toute la dette", a-t-il assuré, martelant: "Que ce soit clair pour tous les créanciers et tous les agents financiers !".
'Persécution financière'
Selon l'économiste Luis Vicente Leon, M. Maduro cherche à convaincre les créanciers américains --qui ont intérêt à ce que la dette soit restructurée-- de faire pression sur l'administration de Donald Trump.
Mais Washington a interdit à ses banques et citoyens d'acheter de nouvelles obligations ou de négocier des accords avec le gouvernement vénézuélien. Difficile dès lors d'imaginer que des créanciers américains se rendent à l'invitation de M. Maduro, qui accuse Washington de "persécution financière" contre son gouvernement socialiste.
Or, selon Caracas, 70% des détenteurs de bons vénézuéliens sont basés aux États-Unis ou au Canada.
En outre, les deux dirigeants désignés par le pouvoir pour renégocier cette dette, le ministre des Finances Simon Zerpa et le vice-président Tarek El Aissami, sont directement frappés par des sanctions empêchant tout Américain de traiter avec eux.
A terme, toutes les agences de notation anticipent un défaut du Venezuela, jugeant ses réserves insuffisantes pour tenir. Leurs avis divergent seulement sur les délais.
Un défaut aggraverait la récession qui a fait plonger le PIB du Venezuela de 36% en quatre ans et couperait le pays et son groupe étatique pétrolier PDVSA des marchés internationaux, tout en les exposant à des poursuites et à la saisie d'actifs et filiales à l'étranger.
Autrefois le plus riche d'Amérique latine, le pays pétrolier, ruiné notamment par la chute des cours du brut --source de 96% de ses revenus en devises--, n'est plus que l'ombre de lui-même.
La majorité des aliments et médicaments ont disparu des rayons faute d'importations, conduisant à l'hyperinflation et alimentant une crise politique et un violent mécontentement populaire, cristallisé dans les manifestations du printemps, qui ont fait 125 morts.
Pékin et Moscou derrière Caracas ?
Nicolas Maduro a évoqué dimanche les négociations en cours avec la Russie et la Chine, deux pays alliés auxquels le Venezuela doit respectivement huit et 28 milliards de dollars.
Les pourparlers avec Pékin se déroulent "parfaitement" et un accord a été conclu cette semaine avec Moscou pour restructurer environ trois milliards de dollars de créances, a-t-il souligné.
Parallèlement, à New York, un comité spécialisé de l'ISDA (Association internationale des produits dérivés) se penchera aussi sur la question vénézuélienne à 12H00 locales (17H00 GMT).
Ce comité composé de 15 sociétés financières doit décider des suites à donner au retard de Caracas dans le paiement de 1,16 milliard de dollars qui, vendredi, n'avait toujours pas été perçus par les créanciers.
Vendredi, un autre règlement de 81 millions de dollars d'intérêts dus par PDVSA est arrivé à échéance. Mais le gouvernement n'a pas toujours pas confirmé ce paiement alors qu'une autre échéance, de 200 millions, est attendue lundi.
Une décision négative de l'ISDA est de nature à déclencher un potentiel défaut partiel aux conséquences imprévisibles pour Caracas.
Le défaut partiel ou total d'un État peut être prononcé par son gouvernement, une agence de notation, un créancier privé ou l'ISDA.
Radicalisation sanctionnée
L'accélération des difficultés de Caracas survient au moment où la communauté internationale, qui dénonce une radicalisation du gouvernement socialiste, accroit la pression sur Nicolas Maduro.
Lundi à Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères de l'UE doivent adopter une série de sanctions, dont un embargo sur les livraisons d'armes, selon des sources diplomatiques.
Elles prévoient également un "cadre juridique" permettant à l'UE de placer sur "liste noire" des personnalités ou "entités" (entreprises, institutions, partis, associations) sanctionnées pour leur implication dans la répression de l'opposition.
A New York est aussi prévue une réunion informelle de l'ONU sur le Venezuela à l'initiative des États-Unis, en vue d'une action internationale pour éviter que la crise dans ce pays ne se transforme en menace à la sécurité.
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