Plus de 200 personnes ont été arrêtées le 4 novembre dans le cadre d'une purge qui a notamment visé des princes, ministres et hommes d'affaires.
L'opération fait suite à la mise en place d'une commission anticorruption présidée par le jeune prince héritier, Mohammed ben Salmane, dont l'emprise sur le pouvoir est croissante.
Les personnalités arrêtées --et détenues dans un lieu non précisé par les autorités-- vont être jugées devant un tribunal, selon le procureur général.
Le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson a estimé vendredi que cette purge soulevait "quelques inquiétudes".
"J'ai parlé au ministre des Affaires étrangères Adel al-Jubeir pour avoir des clarifications, et je pense, sur la base de cette conversation, que l'intention est bonne", a déclaré M. Tillerson dans l'avion qui le menait à Danang, au Vietnam.
"Personnellement, je pense que cela soulève quelques inquiétudes tant que l'on n'a pas plus de clarté sur ce qui va arriver à ces individus", a-t-il cependant ajouté.
Lundi, le président Trump avait exprimé son soutien sans réserve à ces arrestations.
'Ils saignent leur pays'
Le roi Salmane et le prince héritier "savent exactement ce qu'ils font", avait-il tweeté. "Certains de ceux qu'ils traitent durement +saignent+ leur pays depuis des années!", a-t-il justifié.
Ce soutien plus qu'appuyé du président américain aux dirigeants saoudiens notamment face à l'Iran, l'ennemi commun, inquiète observateurs et experts de la région qui le considèrent comme très risqué.
Depuis le week-end dernier, le ton est encore monté entre Téhéran et Ryad.
Au coeur des nouvelles tensions, le sort du Liban mais aussi du Yémen, en proie à un conflit meurtrier où les deux poids lourds du Moyen-Orient soutiennent des camps opposés.
Le Yémen, pays de la péninsule arabique et parmi les plus pauvres du monde, est le théâtre de la pire crise humanitaire de la planète, selon l'ONU.
L'Arabie saoudite, qui y a lancé une campagne militaire contre les rebelles chiites Houthis en mars 2015, a accusé mercredi l'Iran "d'agression directe" après le tir, par les rebelles soutenus par Téhéran, d'un missile en direction de l'aéroport international de Ryad.
Face au risque d'embrasement, le président français Emmanuel Macron a effectué jeudi soir une visite surprise en Arabie saoudite où il s'est entretenu avec le prince héritier.
- 'La plus grande famine' -
Dans un communiqué, l'Elysée a souligné que les deux hommes avaient "échangé longuement sur l'importance de préserver la stabilité de la région, lutter contre le terrorisme et surtout travailler à la paix".
Emmanuel Macron a "rappelé l'importance que la France attache à la stabilité, la sécurité, la souveraineté et l'intégrité du Liban", dont le Premier ministre Saad Hariri a annoncé sa démission le 4 novembre depuis Ryad, un an après avoir formé un gouvernement avec le Hezbollah pro-iranien.
Ryad a appelé cette semaine ses ressortissants à quitter le Liban, de même que le Koweït et Bahreïn.
Au sujet du Yémen, le président français "a souligné sa préoccupation sur la situation humanitaire et sa disponibilité à faciliter une sortie de crise politique", a ajouté la présidence française.
L'ONU s'inquiète elle aussi pour le Yémen, où la guerre a fait plus de 8.650 morts et quelque 58.600 blessés, dont de nombreux civils, en plus de deux ans selon l'Organisation mondiale de la santé.
Le secrétaire général adjoint aux Affaires humanitaires de l'ONU, Mark Lowcock, a indiqué cette semaine que le Yémen risquait de subir "la plus grande famine" des dernières décennies en cas de maintien du blocus de la coalition, un fléau qui pourrait faire des "millions de victimes".
Le blocus, imposé depuis plus de deux ans, a été renforcé cette semaine.
Réuni à huis clos, le Conseil de sécurité de l'ONU a souligné "la situation humanitaire catastrophique" dans ce pays et "l'importance de garder tous les ports et aéroports du Yémen en état de fonctionnement".
La coalition dit que le blocus est temporaire et vise à empêcher toute livraison d'armes aux rebelles.
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