Deux ans et demi après cette tragédie, les chemins de randonnée empruntés par les files de mules et de porteurs strient à nouveau les flancs de parois. Ils ont été restaurés grâce à un projet de six millions de dollars, financé en grande partie par l'aide humanitaire britannique.
Les denrées alimentaires reviennent petit à petit.
Des chaînes de mules chargées de sacs de riz, de lentilles et de sucre se frayent un passage sur la côte raide. Elles se disputent la voie avec des porteurs, dont la cargaison va des denrées de base à des poules vivantes dans des paniers.
Les chemins étaient "en mauvais état et pas trop adaptés à la marche. Maintenant c'est facile de marcher. Il y a plus de mules et elles apportent davantage de choses", constate Jitpa Tamang, propriétaire de mules qui opère dans la Ruby Valley (centre), une zone proche de l'épicentre du tremblement du terre.
Au Népal, terre montagneuse de huit des plus hauts sommets du monde, environ 2,6 millions de personnes - soit 9% de la population - vivent dans des villages uniquement accessibles à pied, selon les Nations unies.
Dans les mois qui ont suivi le désastre d'avril 2015, qui a fait environ 9.000 morts, les sources d'approvisionnement de nombre de villages se sont taries.
Les mules n'étaient plus capables de voyager sur les chemins endommagés, tout devait donc être porté à dos d'homme. Une marche d'habituellement un ou deux jours durait deux fois plus longtemps.
Le sentier "était terrifiant, avec de grandes crevasses. Il semblait qu'il pouvait s'effondrer à tout moment", se souvient Rochit Tamang, un porteur de 24 ans.
- Cloches -
Les quelques biens qui parvenaient à bon port étaient eux sujets à une inflation galopante en raison de la pénurie dans les marchés.
À la suite du tremblement de terre, le Programme alimentaire mondial (PAM) a déclaré plus de 1,1 million de Népalais en situation d'insécurité alimentaire grave - à peine un cran au-dessus de la famine.
"Même si les gens avaient un peu d'argent, s'ils n'ont pas de chemin, ils ne peuvent pas aller au marché", explique Pushpa Shrestha, ingénieur du PAM.
Dans l'urgence, des hélicoptères humanitaires ont transporté des aliments par voie aérienne jusqu'aux zones les plus reculées.
Mais tandis que les efforts humanitaires se déplaçaient de la gestion de crise à la reconstruction du pays, les hélicoptères sont partis, laissant les villageois se débrouiller par eux-mêmes.
Un terrain accidenté, la destruction des stocks de nourriture dans le séisme et deux années de pluies aléatoires font que leur situation reste précaire. D'autant que les paysans ne peuvent cultiver que pendant une moitié de l'année, en raison de la rigueur de l'hiver.
"N'importe quelle catastrophe naturelle survient, comme une sécheresse ou une averse de grêle, et ils deviennent aussitôt sujets à l'insécurité alimentaire", dit Pushpa Shrestha.
Dans la vallée de Lapa, le prix de la nourriture fluctue au cours de l'année, explique Bam Tamang, boutiquier dans le village de Borang, à deux heures de marche de la route la plus proche.
"Les mules et les porteurs arrêtent généralement [leur activité] pendant les trois mois de la mousson, donc nous devons payer des coûts de transport supplémentaires en basse saison", raconte-t-il.
Un convoi de mules passe devant son petit magasin, le bruit de leurs sonnailles se répercute dans la vallée. "Mais ça s'est beaucoup amélioré depuis que le chemin a été reconstruit", ajoute-t-il.
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