Les partis doivent faire savoir mardi à minuit à la commission électorale s'ils entendent former des coalitions pour les élections régionales du 21 décembre, imposées en Catalogne par le gouvernement central pour tenter d'apaiser la crise qui avait débouché sur une déclaration unilatérale d'indépendance le 27 octobre.
"Nous n'avons d'autre choix que de nous présenter tous ensemble", a déclaré Carles Puigdemont à la radio publique catalane.
En 2015, la coalition "Ensemble pour le oui" avait réussi à rassembler les deux principales formations indépendantistes, les conservateurs de Convergence démocratique de Catalogne (CDC) dont le PdeCAT de M. Puigdemont est l'héritier, et la Gauche républicaine de Catalogne (ERC).
Cette coalition, alliée aux indépendantistes d'extrême gauche de la CUP (Candidature d'unité populaire), disposait d'une majorité de 72 sièges sur 135 au parlement.
Mais les tensions et divisions en son sein, y compris sur la tenue du référendum d'autodétermination interdit du 1er octobre, n'ont pas manqué.
Désormais, elle doit en outre faire face à l'éparpillement du noyau dur indépendantiste.
Huit des 13 ministres-conseillers de l'exécutif régional destitué par Madrid sont écroués après avoir été inculpés notamment pour rébellion, sédition et détournements de fonds publics.
Carles Puigdemont est également visé par ces poursuites, mais il se trouve à Bruxelles avec quatre autres membres de son gouvernement, dans l'attente de l'examen par la justice belge d'un mandat d'arrêt international émis par l'Espagne.
M. Puigdemont, qui a assuré s'être "exilé" pour faire connaître sa cause au reste de l'Europe, a déclaré mardi qu'il avait aussi cherché à éviter "une vague de violence" en Catalogne.
"Je suis absolument convaincu que l'Etat espagnol avait préparé une vague très dure de répression", a déclaré M. Puigdemont.
Son avocat avait expliqué à l'AFP qu'il craignait une spirale d'agitation et de répression en réaction à son éventuelle arrestation.
Les incarcérations suscitent l'indignation en Catalogne. Pour mercredi, les associations indépendantistes ont appelé à une grève générale et une grande manifestation est prévue samedi.
A Bruxelles, elles causent aussi des remous.
Mardi, quelque 200 maires indépendantistes catalans arrivés en avion ont manifesté dans le quartier des institutions européennes aux cris de "Llibertat!" ("Liberté!"), en brandissant une pancarte exigeant la libération des "prisonniers politiques". Face à eux, une quinzaine de personnes manifestait pour "l'unité de l'Espagne".
L'inconnue électorale
Depuis la mise sous tutelle de la région, décidée quelques heures après une déclaration unilatérale d'indépendance votée au parlement régional, les séparatistes concentrent leurs efforts sur les élections.
Les sondages prédisent à nouveau une division presque à parts égales des électeurs catalans.
En 2015, les séparatistes avaient obtenu une majorité en sièges, mais pas en voix (47,8%).
Le PDeCAT de M. Puigdemont a tout intérêt à rester au sein d'une coalition qui lui permettra de cacher sa faiblesse, alors qu'il pourrait s'effondrer au profit des indépendantistes de gauche d'ERC, selon les sondages.
Pour cette même raison, ERC a intérêt à faire cavalier seul, avec l'espoir d'être pour la première fois aux commandes de la région depuis 1936.
Mais en même temps, certains estiment qu'une candidature unique profiterait aux indépendantistes dans leur ensemble, car la pondération des voix donne une "prime au résultat le plus fort", selon Joan Botella, recteur de la faculté de sciences politiques de l'Université autonome de Barcelone.
D'autres inconnues accompagnent cette élection atypique: que feront les élus emprisonnés qui l'emporteraient? Et ceux qui sont à Bruxelles et visés par un mandat d'arrêt?
Les plus indépendantistes des Catalans paraissent eux avoir déchanté sur les chances réelles de sécession: seuls 15% y croient désormais, selon un sondage publié lundi par le quotidien La Vanguardia.
"Ils ont atteint un seuil maximum", estime le politologue Josep Ramoneda. "Ils n'ont pas assez de voix, pas de puissance étrangère qui les soutienne, ni une grande partie du pouvoir économique catalan", a-t-il noté.
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