Si l'anniversaire de la Révolution était célébré en grande pompe pendant la période soviétique, avec un grand défilé sur la Place Rouge tous les 7 novembre, le programme officiel se contente aujourd'hui très modestement d'expositions et de colloques entre spécialistes.
S'il y aura bien un défilé sur la Place Rouge, celui-ci n'est plus que la reconstitution en uniformes d'époque de la parade de 1941 lors de la bataille de Moscou, en pleine Seconde guerre mondiale.
Et les rares commémorations impliquant le grand public sont pour les autorités l'occasion de mettre l'accent sur l'importance de l'unité nationale et de la réconciliation, en évitant d'évoquer les sujets sensibles.
"Pour quelle raison devrions nous célébrer cet événement?", avait lancé aux journalistes en octobre le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Le Parti communiste, qui reste le plus large parti d'opposition au Parlement russe, a prévu pour sa part un rassemblement près d'une statue de Karl Marx non loin du Kremlin. Cet événement ne devrait toutefois pas rassembler plus de 5.000 participants.
Le mouvement de gauche nationaliste Autre Russie, mené par l'écrivain Edouard Limonov, a également prévu une manifestation autorisée par les autorités à Moscou. Une vingtaine de ses partisans avaient été arrêtés lundi par la police à Saint-Pétersbourg.
'Tirer un trait'
Le président Vladimir Poutine a pour sa part jusqu'ici soigneusement évité la plupart des événements organisées pour le centenaire, y compris un spectacle lumineux en 3D projeté ce week-end sur la façade du Palais d'Hiver dans sa ville natale, Saint-Pétersbourg.
L'un des seuls événements liés aux commémorations auquel M. Poutine a participé a été l'ouverture d'une nouvelle église à Moscou, qu'il a qualifié de "profondément symbolique" alors que l'arrivée au pouvoir des communistes en 1917 a mené à la destruction du clergé et à la persécution des croyants.
Fin octobre, M. Poutine a également inauguré un mémorial en hommage aux victimes des répressions politiques, assurant vouloir ainsi "tirer un trait" sur les divisions du passé.
La Révolution est "une partie intégrante et complexe de notre histoire", qui doit "être traitée objectivement et avec respect", a déclaré en novembre M. Poutine qui s'est efforcé, dès son arrivée au pouvoir, de réconcilier la société et la mémoire nationale.
Pas question pour lui de trancher entre la Russie tsariste, dont il vante la stabilité et les valeurs traditionnelles, et la Russie soviétique, dont il est le pur produit.
Le comité créé pour les commémorations reflète la prudence de Vladimir Poutine en la matière. Y siègent des personnalités indépendantes et critiques du pouvoir, des ministres et des responsables de l'Eglise orthodoxe, mais aucun membre du Parti communiste actuel ou monarchistes.
'Silence assourdissant'
Pour le Kremlin, les commémorations de la Révolution doivent servir à "tirer des leçons" du passé. Et ces "leçons à tirer" sont claires: il s'agit de se prémunir contre toute velléité de contestation du pouvoir par la rue, surtout à quelques mois de l'élection présidentielle de mars 2018 à laquelle personne ne doute que M. Poutine se représentera pour un quatrième mandat.
La moindre forme de contestation est immédiatement diabolisée par le pouvoir, qui voit en toute protestation sociale ou politique l'oeuvre de forces "antipatriotiques" plus ou moins liées à l'étranger.
La police russe a ainsi arrêté pendant le week-end des centaines de manifestants anti-Poutine descendus dans la rue à l'appel d'un opposant radical en exil, ainsi que des dizaines de membres de groupuscules nationalistes et d'extrême droite.
Pour une grande partie des Russes, le centenaire de la Révolution devrait passer quasiment inaperçu. Selon une étude commandée par le Parti communiste, 58% de la population n'est même pas au courant des commémorations.
"Le pays qui tirait autrefois son existence même d'Octobre observe désormais son centenaire dans un silence assourdissant", a résumé l'historien Ivan Kourilla dans le journal Vedomosti.
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