Soutenu par les syndicats du secteur, le promoteur historique des fêtes foraines parisiennes, 77 ans, bataille depuis des mois contre la décision du Conseil de Paris, votée à l'unanimité début juillet, de ne pas reconduire ce marché créé en 2008 sur la plus célèbre avenue du monde.
Samedi après-midi, le préfet de police lui a opposé une fin de non-recevoir, à l'issue d'une troisième réunion en quatre jours en ses murs.
"La décision de la ville de Paris, sauf à ce qu'un juge en décide autrement, a force exécutoire. Les forains et commerçants qui pensent installer le marché de Noël doivent s'y conformer", a fait valoir Michel Delpuech devant la presse.
La société de Marcel Campion Loisirs Associés "a déjà introduit un recours au fond devant le tribunal administratif de Paris", a poursuivi le représentant de l'Etat, soulignant qu'"il lui est aussi possible (...) d'introduire un référé pour solliciter en urgence du juge la suspension de la décision municipale".
"On voit lundi matin nos conseils pour réfléchir à l'opportunité de faire un référé", a répliqué Marcel Campion, interrogé par l'AFP. "Les élus de Paris font fi du travail des forains" et "se foutent éperdument des 2.000 emplois que génère le marché de Noël", a-t-il tonné.
La guirlande de chalets déployée pour les fêtes le long de l'avenue "fait plaisir à 15 millions de personnes, ça n'est quand même pas rien", a-t-il fait valoir.
Monde forain "en ébullition"
A l'issue de son entrevue de samedi avec le préfet de police, le responsable forain a confirmé l'appel à une "mobilisation autour de Paris et dans Paris" dès lundi. "Je pense qu'il y aura des blocages, des convois", a-t-il ajouté, affirmant que "le monde forain est en ébullition".
"Lundi, tout le périphérique sera bloqué. C'est une grève reconductible. Les forains qui ne pourront pas venir lundi viendront mardi, et ceux qui ne pourront pas venir mardi viendront mercredi", a abondé le président du Cid'Europe branche fêtes, Eugène Coignoux.
Mais le préfet de police a prévenu qu'il veillerait "au maintien du bon ordre et à ce que d'éventuels débordements soient contenus".
Mardi soir, la police avait déjà empêché des forains de réinstaller le marché de Noël, en restreignant la circulation autour des Champs-Elysées.
La suppression de ce marché intervient alors que les affaires de Marcel Campion sont, depuis environ deux ans, dans le collimateur de la justice. Les enquêteurs s'interrogent notamment sur une convention octroyée à Marcel Campion en 2015 par la ville de Paris pour installer sa fameuse Grande roue sur l'emplacement prestigieux de la place de la Concorde.
L'homme d'affaires a été mis en examen le 30 mai pour recel de favoritisme et abus de biens sociaux à hauteur de 75.000 euros en sa qualité de gérant de la société exploitant la roue.
Rien ne va plus désormais entre l'équipe de la maire de Paris, Anne Hidalgo (PS), et l'entrepreneur de loisirs au verbe haut.
A la mi-septembre, la mairie, craignant que le "roi des forains" tente de réinstaller en catimini son marché, avait fait constater par un agent assermenté l'installation de câbles électriques sur l'avenue et assigné la société Loisirs Associés selon une procédure d'urgence. La justice avait ordonné le retrait des câbles, mais Marcel Campion avait été mis hors de cause.
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