"On sort à peine de la phase d'urgence. Maintenant, il faut se projeter dans le temps de la reconstruction", résume-t-on à Matignon en amont de ce déplacement qui passera également dimanche en Guadeloupe, frappée elle par l'ouragan Maria.
Le chef du gouvernement en avait pris l'engagement peu après la catastrophe: il serait présent à Saint-Martin pour la rentrée scolaire du 6 novembre, objectif d'une reprise des cours pour la totalité des écoliers de la partie française de l'île.
Un quart des élèves a pu retourner à l'école trois semaines après Irma, d'autres écoles ont rouvert peu à peu, souvent avec un simple accueil sans cours. Aujourd'hui, sur les 21 établissements scolaires de l'île, cinq écoles et un collège sont toujours hors d'état de fonctionner, et trois d'entre eux devraient mettre plus d'un an à rouvrir leurs portes.
Mais "100% des élèves" pourront reprendre le chemin des cours lundi, selon Matignon. Un système de rotation a été mis en place pour plusieurs mois dans certaines écoles: cours de 7h à midi pour certains élèves, puis de 12h30 à 17h30 pour d'autres.
Nouvel écueil: les autorités sont sans nouvelles de plusieurs dizaines d'enseignants et la ministre des Outre-mer Annick Girardin a menacé vendredi sur RTL de sanctions ceux qui se rendraient coupables d'un "abandon de poste".
Car un mois et demi après l'accueil mitigé sur l'île d'Emmanuel Macron, beaucoup de choses restent à régler pour les Saint-Martinois (35.000 au moment de la catastrophe), confrontés aux montagnes de déchets végétaux, de gravats et d'épaves de véhicules qui parsèment l'île ça et là. Le principal aéroport, côté néerlandais, n'a pas encore rouvert.
"Toujours trop lent"
"C'est toujours trop lent pour ceux qui vivent sur place, qui ont encore des attentes", a admis la ministre des Outre-mer Annick Girardin vendredi sur RTL, en faisant toutefois valoir les résultats obtenus, par exemple 75% de foyers de nouveau raccordés à l'eau potable.
Des aides sociales comme le RSA ont pu être versés en cash, mais une aide "d'urgence" de 300 euros pour ceux qui avaient tout perdu n'a toujours pas été versée, reconnaît Matignon.
Pour éviter que la circulation de coupures ne suscite la convoitise, la collectivité de Saint-Martin a en effet recommandé une logistique plus complexe de cartes prépayées, qui ne devraient arriver à leurs bénéficiaires que "dans les prochains jours".
Après Saint-Martin lundi matin, le Premier ministre doit passer à Saint-Barthélemy lundi après-midi, où il doit notamment visiter un site hôtelier sinistré.
Dans les deux îles, le tourisme assure près du quart des emplois. Si l'absence de revenus touristiques cette saison est une certitude, "il faut qu'on soit prêts pour la prochaine en novembre 2018", souligne Matignon.
Le gouvernement se déplace en force: Edouard Philippe est accompagné des ministres Annick Girardin (Outre-mer), Jean-Michel Blanquer (Education) et Laura Flessel (Sports), ainsi que de deux secrétaires d'Etat.
Le voyage commencera samedi en Martinique, où le Premier ministre a souhaité mettre en avant la jeunesse ultramarine, dans une île au vieillissement démographique alarmant.
Après s'être recueilli sur la tombe d'Aimé Césaire, il rencontrera notamment au Lamentin le régiment du Service militaire adapté, qui regroupe un millier de jeunes volontaires martiniquais, dont certains avaient été dépêchés en secours à Saint-Martin.
Dimanche, la visite officielle se poursuivra en Guadeloupe, où le cyclone Maria a provoqué de sérieux dégâts le 20 septembre, notamment pour l'agriculture et la pêche. M. Philippe doit notamment rendre visite à une bananeraie et à une ferme de chayotes, ainsi qu'à des pêcheurs.
La banane, star de l'exportation guadeloupéenne, a notamment souffert, avec des productions dévastées "entre 80 et 100%". Une nouvelle aide d'environ 20 à 30 millions d'euros est évoquée, quand le gouvernement a accéléré le versement des indemnisations de l'ouragan Matthew de 2016.
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