"J'espère que vous n'allez pas nous enlever notre Jean Paul!" Alerté par la présence de journalistes au pied du monument de 7,50 mètres de haut, Guy Olszewski, d'origine polonaise, est spontanément descendu de sa voiture pour apporter sa pierre au débat. "Ça me dépasse! Nous sommes dans un pays chrétien. Quand je vois que l'on construit des mosquées dans d'autres communes..."
"Ce n'est pas la statue en elle-même qui pose problème. Le pape est un personnage comme un autre, ça pourrait être De Gaulle, Coluche ou n'importe qui. Mais le fait qu'on ait apposé une croix immense au dessus en fait un monument religieux", lui répond Michel Pageot, de retour de la boulangerie.
En place depuis 2006 au centre d'un parking public, à proximité de deux établissements scolaires catholiques, la statue de bronze, placée sous une arche imposante surmontée d'une croix, fait aujourd'hui partie du paysage de la commune bretonne. Beaucoup de Ploërmelais ont accueilli avec détachement le dernier épisode judiciaire de ce feuilleton.
"Elle ne me dérange pas cette statue, elle est à sa place ici et fait même venir des touristes", note Denis Robin. "Je ne comprends pas cette polémique et je pense malheureusement qu'elle n'est pas finie."
Vers une privatisation du terrain
A l'origine de l'installation de la sculpture, offerte par l'artiste russe Zourab Tsereteli, à qui il avait facilité l'obtention d'un visa pour sa fille, l'ancien maire (divers droite) Paul Anselin a beau avoir perdu une bataille, il n'entend pas rendre les armes.
"Arrêtons de nous culpabiliser en permanence. La France, c'est la France et aucune juridiction, même la plus haute, n'a le droit de violenter nos convictions, nos croyances et surtout notre culture", assène-t-il dans son salon, où trônent une réplique miniature de la statue et une photo de sa rencontre avec Jean Paul II en 1987.
Ce personnage baroque de 87 ans, condamné en 2009 dans le procès de l'Angolagate, souhaite notamment l'organisation d'un référendum d'initiative locale, appelle à une grande manifestation oecuménique en décembre. Il appuie la proposition du maire (LR) actuel de Ploërmel, Patrick Le Diffon, de privatiser le terrain sur lequel se trouve le monument afin qu'il ne tombe plus sous le coup de la loi de 1905 de séparation des Églises et de l'État.
"Une procédure de déclassement du domaine public a déjà été lancée. Il faut savoir que la mairie n'a fait l'acquisition de ce terrain, qui était auparavant la cour attenante à un collège privé, qu'à la fin des années 1990. Ça n'a jamais été une place publique historique", a indiqué à l'AFP M. Le Diffon, qui a six mois pour trouver une solution.
Des menaces de mort
"Ce n'est pas en privatisant un espace autour de la statue que ce sera réglé, car c'est le caractère ostentatoire de la croix qui pose clairement problème. Il faudrait alors faire en sorte que la croix ne soit pas visible de l'espace public, c'est d'une absurdité totale", répond Gilles Kerouedan, membre de la fédération morbihannaise de la Libre pensée et opposant de la première heure au monument.
"J'espère que le bon sens l'emportera une fois que la passion sera retombée", ajoute cet habitant de Ploërmel, qui a déposé plainte cette semaine à la gendarmerie après avoir reçu des menaces de mort d'un mouvement se revendiquant du "Renouveau nationaliste".
La décision du Conseil d'État, rendue le 25 octobre, déchaîne les passions sur les réseaux sociaux, notamment à travers le hashtag #touchepasmacroix.
De nombreuses personnalités politiques ont également réagi, parmi lesquelles Nadine Morano (LR) et la Première ministre conservatrice polonaise Beata Szydlo. Elle a fait savoir que son gouvernement "tentera de sauver de la censure le monument de notre compatriote", proposant même de le transférer en Pologne.
A LIRE AUSSI.
Sur Twitter et à Varsovie, la croix "censurée" de Ploërmel déchaîne les passions
Législatives. Les résultats définitifs dans le Calvados
Donald Trump déplore la "mise en pièces" de l'histoire américaine
Face au mur, entre le Mexique et les Etats-Unis
Après Charlottesville, la pression enfle autour des monuments confédérés
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.
Ces "libres penseurs" s'acharnent uniquement sur le christianisme. Leur rejet de la foi chrétienne et de ses symboles les aveugle : Ils n'auront pas fini de détruire les croix qui les gênent qu'ils seront rattrapés par les islamistes les plus vifs et termineront décapités...