Tous les deux ans, le festival Art et déchirures sélectionne des pièces originales et inédites à Rouen pour parler de la différence et des troubles mentaux. Il rassemble des comédiens en situation de handicap ou des comédiens ordinaires et nous invite à la rencontre de l'Autre: un message humain et des propositions de qualité.
Un festival avant-gardiste
Joël Delaunay et José Sagit sont à l'origine de ce festival crée en 1989. Ils étaient alors tout deux soignants au centre hospitalier de Saint-Étienne-du-Rouvray, chargés des animations socioculturelles destinées aux patients lorsqu'ils décident de monter ce projet pour témoigner des projets artistiques menés par les établissements psychiatriques. "Le premier festival durait trois jours, aujourd'hui, il s'étend sur 12 jours et rassemble une dizaine de spectacles professionnels accueillis par les grandes salles de la métropole rouennaise", se réjouit José Sagit. La moitié de ces spectacles est créée en partenariat avec le CDN". Lorsque ce festival est né il y a 30 ans, ils étaient alors les seuls à proposer ce genre de spectacles interprétés par des publics en situation de handicap psychiatrique ou ayant pour thème la maladie mentale. Le sujet était alors tabou. Aujourd'hui, le festival ose des thèmes audacieux comme un spectacle sur le tueur d'enfant, Marc Dutroux ou des pièces qui interrogent la liberté d'aimer des personnes en situation de handicap. "Nous voulons briser des tabous et ouvrir nos horizons", souligne José.
Un message de tolérance et d'ouverture
La programmation offre un large éventail de propositions. La pièce d'Olivier Werner La pensée traite de troubles mentaux, Tendres fragments, parle du syndrome d'Asperger, Five easy pieces s'inspire de l'affaire Marc Dutroux et interroge la folie de nos sociétés qui engendre ces monstres.
Le festival parle de déchirures en sens large. "Il ne s'agit pas seulement d'une déchirure individuelle mais collective: d'un fait de société. La folie peut toucher tout le monde. Il nous fallait donner un titre qui n'exclue pas à ce festival. Or la déchirure nous concerne tous à des degrés divers. Les handicapés ne doivent pas être réduits à un diagnostic ou à un statut. Ce festival donne la parole à des personnes marginalisées par leurs différences et qui recèlent pourtant de précieux atouts, qui ont des choses à dires et qui peuvent nous apporter beaucoup".
Des spectacles québecois
Cette année deux spectacles québécois viennent enrichir la programmation. "À Montréal, il existe une structure unique, un conservatoire d'art dramatique destiné aux personnes en situation de handicap mental, explique José Sagit. On y propose une véritable formation professionnalisante". Des comédiens issus de cette école se produiront sur scène à l'occasion du festival. Mais le festival collabore aussi depuis longtemps avec une troupe mixte l'Escouade à Rouen rassemblant personnes en situation de handicap et acteurs ordinaires ainsi que l'Oiseau-mouche en provenance de Roubaix, une compagnie professionnelle d'acteurs handicapés.
Pratique. Jusqu'au dimanche 19 novembre. À Rouen et dans l'agglomération. Plus d'informations sur www.artetdechirure.fr
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