"La période est historique. Nous avons un rendez-vous important sur le plan institutionnel, je veux qu'ensemble, nous puissions le réussir", a affirmé Emmanuel Macron samedi lors de sa visite en Guyane. Le chef de l'Etat a par la suite reçu lundi les membres du comité à l'Elysée.
Le processus de décolonisation progressif en cours dans l'archipel -français depuis 1853- doit déboucher, selon les termes de l'accord de Nouméa de mai 1998, sur un référendum d'autodétermination au plus tard en novembre 2018.
Le Premier ministre interviendra en début d'après-midi à cette rencontre consacrée à la préparation de la consultation. "Les enjeux pour la Nouvelle Calédonie, pour les Néo-Calédoniens, quelles que soient leurs origines, leurs convictions, sont considérables", a-t-il martelé mardi lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.
Le calendrier est "maintenant extrêmement resserré", souligne-t-on à Matignon, mais ce comité des signataires de l'accord ne sera pas le dernier avant la consultation.
La question du corps électoral du référendum figure en tête de l'ordre du jour. Entre autres critères, celui-ci est restreint aux personnes résidant en Nouvelle-Calédonie sans discontinuer depuis 1994, mais le sujet hautement sensible suscite un différend entre non indépendantistes et indépendantistes sur l'inscription automatique des natifs de l'île sur la liste référendaire.
Autre point d'achoppement, le libellé de la question posée, au coeur d'approches différentes, ne sera pas tranché et devrait faire l'objet d'un groupe de travail, puis d'un ultime comité des signataires en mars ou avril 2018.
L'enjeu de la transparence
Face à l'enjeu, Edouard Philippe a souhaité mardi "que l'ensemble des forces politiques présentes en Nouvelle Calédonie (puisse) s'entendre sur le sens de la question à poser". "Il faut que le scrutin soit sincère, transparent, surveillé, c'est une des données essentielles de sa bonne organisation", a-t-il fait valoir.
Pour que le résultat du référendum soit incontestable, d'autres points seront également abordés jeudi, tels que la présence d'observateurs de l'ONU, la mise en place de bureaux de vote décentralisés ou la prolongation du délai légal d'inscription sur les listes électorales au-delà du 31 décembre 2017.
Les indépendantistes réclament notamment l'ouverture de bureaux des îles décentralisés à Nouméa, pour faciliter le vote des électeurs originaires des îles installés en ville. Le souhait de certaines formations qu'un magistrat soit présent dans chaque bureau de vote devrait également être évoqué.
Des réunions techniques se tiendront en marge du comité des signataires, avec notamment "un point d'étape" sur la question du nickel, sur des questions budgétaires ou d'adaptation du droit.
Les violents affrontements des années 1980 en Nouvelle-Calédonie, qui avaient culminé le 5 mai 1988 avec l'assaut de la grotte d'Ouvéa -19 indépendantistes et deux militaires avaient été tués-, s'étaient conclus par les accords de Matignon du 26 juin 1988.
L'accord de Nouméa signé 10 ans plus tard prévoit la tenue d'un référendum d'autodétermination avant novembre 2018. En cas de réponse négative à l'indépendance, deux autres scrutins référendaires sont envisagés par la loi.
Édouard Philippe doit se rendre sur l'île fin novembre/début décembre et Emmanuel Macron a promis de s'y rendre lui-même "avant le mois de mai".
La réunion du Comité des signataires intervient dans un climat politique local tendu. Depuis le 31 août, le gouvernement collégial est en effet cantonné à expédier les affaires courantes, en raison notamment de querelles entre non indépendantistes. Dans ce contexte, les discussions sur l'après-référendum sont au point mort.
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