Avec 13 de ses conseillers (ministres), Carles Puigdemont est convoqué jeudi à partir de 09h00 (08h00 GMT) par une juge d'instruction de l'Audience nationale à Madrid, juridiction spécialisée dans les dossiers complexes, qui pourrait décider de l'inculper si elle suit les réquisitions du ministère public.
Son avocat belge Paul Bekaert a déclaré à la chaîne de télévision publique néerlandaise NOS qu'il ne croyait pas que M. Puigdemont, arrivé lundi à Bruxelles avec une partie de son gouvernement destitué, répondrait à cette convocation étant donné que "le risque est grand qu'il soit arrêté".
"Je ne pense pas qu'il retournera en Espagne dans les semaines qui viennent", a-t-il ajouté dans un entretien à la chaîne belge flamande VTM.
M. Puigdemont avait assuré mardi au cours d'une conférence de presse dans la capitale belge qu'il ne reviendrait pas en Espagne sans l'assurance de bénéficier d'un procès impartial, accusant le parquet de nourrir un "désir de vengeance" à son endroit.
'Traîtres'
Au moins deux "ministres" partis à Bruxelles sont finalement repartis et ont atteri mardi soir à Barcelone où des militants unionistes les ont accueillis aux cris de "traîtres".
Le procureur général de l'Etat requiert de poursuivre le dirigeant indépendantiste et ses "ministres" notamment pour sédition et rébellion, des chefs d'inculpation passibles de 15 et 30 ans de prison.
Il a requis les mêmes inculpations contre la présidente et les membres du bureau du parlement catalan qui, en raison de leur immunité parlementaire, doivent se présenter devant un juge d'instruction de la Cour suprême.
M. Puigdemont et son cabinet risquent d'être placés en détention provisoire, comme deux présidents de mouvements associatifs indépendantistes écroués mi-octobre pour "sédition" après avoir appelé à une manifestation pendant laquelle des gardes civils avaient été empêchés de sortir d'un bâtiment et trois véhicules des forces de l'ordre endommagés.
S'ils ne répondaient pas à leur convocation, le parquet devrait demander leur arrestation, et pour ceux qui se trouvent à Bruxelles, l'Espagne devra délivrer un mandat d'arrêt européen.
Le bras de fer entre Madrid et Barcelone sur les compétences et l'autonomie de la région a culminé vendredi avec la proclamation par le parlement catalan de la "République" indépendante de Catalogne.
Quelques heures après, le gouvernement espagnol destituait Carles Puigdemont et ses ministres et convoquait de nouvelles élections régionales le 21 décembre.
M. Puigdemont a fait savoir qu'il s'installait "au coeur des institutions européennes" pour "expliquer au monde les défaillances démocratiques de l'Etat espagnol".
L'ancien journaliste "joue plus à capter l'attention médiatique qu'à échapper à la justice", a déclaré à l'AFP à Madrid le politologue Fernando Vallespin.
"C'est une guerre médiatique, le récit de la Generalitat (exécutif catalan) a été d'essayer de présenter l'Etat espagnol comme un Etat opresseur", selon lui.
A Barcelone, son collègue Oriol Bartomeus a vu lui aussi dans l'attitude de M. Puigdemont une stratégie électorale. "S'il ne se présente pas devant le juge, il deviendra un fugitif et cela pourra conduire le juge à décider sa mise en détention provisoire: or, un Puigdemont libre ne génère pas de retombées électorales mais un Puigdemont en prison, si", a-t-il estimé.
Dissensions
Les indépendantistes estiment avoir reçu mandat du peuple pour proclamer l'indépendance après le "oui" au référendum d'autodétermination du 1er octobre, interdit par Madrid et émaillé de violences policières.
Un sondage de l'Institut du gouvernement catalan publié mardi à moins de deux mois des élections convoquées en Catalogne par le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy montrait que les indépendantistes avaient le vent en poupe. Mais il avait été réalisé après les violences policières du référendum et avant l'échec de la proclamation d'indépendance.
Or l'exil volontaire de M. Puigdemont et la reprise en main de la région par Madrid commencent à faire émerger les divisions dans le camp indépendantiste, déjà déchiré avant la crise entre partisans de la stratégie de rupture et défenseurs de négociations avec Madrid.
L'ex-"ministre" des Entreprises du gouvernement catalan, Santi Vila - qui avait démissionné juste avant la déclaration d'indépendance - a déploré "l'ingénuité" et l'impréparation de certains dirigeants indépendantistes, sans citer M. Puigdemont.
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