Le procureur Jose Manuel Maza a annoncé le dépôt d'une plainte devant l'Audience nationale, le tribunal chargé des dossiers les plus sensibles, estimant que les "les principaux responsables politiques de la Généralité de Catalogne (exécutif), ont entraîné, avec leurs décisions et leurs agissements, une crise institutionnelle qui a débouché sur la déclaration unilatérale d'indépendance" du 27 octobre.
Dès vendredi, à peine quelques heures après la proclamation de l'indépendance au Parlement catalan, le gouvernement espagnol a mis la Catalogne sous tutelle, en application de l'article 155 de la Constitution, jusqu'ici jamais utilisé.
Le Premier ministre Mariano Rajoy a convoqué des élections pour le 21 décembre dans cette région, auxquelles le parti du président séparatiste destitué Carles Puigdemont, le PDeCAT, a assuré lundi via sa porte-parole Marta Pascal qu'il participerait car "nous sommes très attachés à ce que la société catalane puisse s'exprimer".
M. Rajoy a congédié M. Puigdemont et son équipe et la vice-présidente du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria, a été désignée pour diriger la Catalogne. Celle-ci a pris dès samedi plusieurs décisions, y compris une sur la destitution du chef opérationnel de la police catalane.
Il appartient désormais à la juge de garde, Carmen Lamela, de décider si la plainte du procureur général de l'Etat est recevable.
Concrètement, elle pourrait entraîner dans les prochains jours l'inculpation de Carles Puigdemont et de son équipe pour "rébellion", ou "sédition", des charges très graves. La première peut être assortie d'une condamnation à 30 ans de prison maximum, autant que pour un assassinat.
L'exécutif catalan aux abonnés absents
Pendant ce temps à Barcelone, l'exécutif catalan était aux abonnés absents, donnant bien peu de force à la "République" proclamée vendredi.
A cet égard, selon une source gouvernementale espagnole qui n'a pas fourni davantage de précisions, M. Puigdemont se trouvait lundi à Bruxelles.
Un porte-parole du principal parti indépendantiste, la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), a admis que la "République" n'avait pas de "pleines capacités" pour s'imposer à l'Etat espagnol.
Aucun des membres du gouvernement destitué sauf un ne s'était d'ailleurs rendu au travail à la mi-journée, alors que Carles Puigdemont et son vice-président Oriol Junqueras (ERC) avaient laissé entendre pendant le week-end qu'ils s'opposeraient à leur destitution.
Le drapeau espagnol flottait toujours quant à lui sur le palais de la Généralité, le siège de l'exécutif catalan.
La police catalane a reçu la consigne d'autoriser l'accès aux bureaux des "conseillers" (ministres régionaux) pour qu'ils prennent leurs effets personnels. Et en cas de refus de quitter les lieux, les policiers doivent dresser un procès-verbal à transmettre à la justice.
"Nous sommes dans l'attente de ce que va faire demain le gouvernement" de M. Puigdemont, avait expliqué dimanche soir, sous le couvert de l'anonymat un haut responsable indépendantiste.
"S'ils croient eux-mêmes qu'ils sont le gouvernement de la République, alors nous sortirons pour les protéger, mais s'ils ne font rien, nous aviserons".
"On attend de savoir si le président et les conseillers vont pouvoir travailler", confiait aussi à l'AFP Gemma Manosa, une secrétaire de 44 ans interrogée en début de matinée à Barcelone, salariée dans le secteur privé et électrice de la gauche indépendantiste.
"Moi je pense que Puigdemont reste le président pour ceux qui croient en l'indépendance (..) mais pour ceux qui ont manifesté hier contre l'indépendance, c'est le Parti populaire (de Mariano Rajoy) qui dirige", a-t-elle ajouté.
Dimanche, illustration des fortes divisions régnant au sein de cette région, des centaines de milliers de partisans de l'unité de l'Espagne sont descendus dans les rues de Barcelone, après les dizaines de milliers qui avaient manifesté leur joie à l'annonce de la naissance de leur "République" vendredi.
Elections
Carles Puigdemont a appelé samedi ses partisans à s'opposer pacifiquement, tout comme son vice-président, qui a évoqué un combat à travers les "urnes".
Mais Puigdemont n'a officiellement plus de pouvoirs, plus de signature, plus de fonds à distribuer.
Selon un haut responsable séparatiste, les indépendantistes ont encore la volonté de lutter, du moins de manière "symbolique" pour "démontrer que l'Etat (espagnol) est faible sur ce territoire".
Pendant ce temps, les trois principaux partis défendant l'unité de l'Espagne en Catalogne -Ciudadanos (libéral), le Parti socialiste catalan et le Parti populaire de M. Rajoy- étaient déjà ouvertement en campagne lundi, appelant les leurs à se rendre massivement aux urnes le 21 décembre.
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