Des filières engorgées contraintes de recruter par tirage au sort quand d'autres sont délaissées, une plateforme informatique d'orientation (APB, pour admission post-bac) totalement saturée et, en bout de ligne, un taux d'échec de près de 60% en première année de fac.
Face aux failles criantes du système actuel, la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal a cherché l'équilibre entre la nécessité de réformer les modalités d'accès à l'université sans toutefois instaurer une sélection, "chiffon rouge" pour de nombreuses organisations syndicales, étudiantes et de parents d'élèves, attachées au principe historique d'accès pour tous à l'enseignement supérieur par le baccalauréat.
La semaine dernière, la ministre a esquissé la philosophie de son plan, qu'elle présentera avec le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, et le Premier ministre, Edouard Philippe.
"L'idée n'est pas de dire +oui+ ou +non+ comme dans les filières sélectives mais de répondre plutôt +oui+ ou +oui mais+", a-t-elle expliqué dans un entretien à L'Obs paru jeudi: "Dans ce nouveau système, soit le lycéen dispose des compétences nécessaires pour suivre les cours auxquels il veut s'inscrire. Soit certaines bases ne sont pas acquises et dans ce cas, nous pourrions lui proposer un accompagnement spécifique".
Dernier mot au lycéen
Selon la presse dominicale, le lycéen pourra se voir soumis à des remises à niveau si nécessaire, mais garderait bien le dernier mot pour choisir son orientation. Durant son année de terminale, il formulerait des voeux (dont le nombre serait réduit à une douzaine), ses enseignants émettraient des avis sur ces voeux avant que son dossier ne soit transmis aux établissements d'enseignement supérieur souhaités, qui feraient également leurs observations sur sa candidature.
"La question de la sélection, des prérequis a été abandonnée pour un accompagnement personnalisé, par profil d'élève", se réjouit Liliana Moyano, présidente de la fédération de parents d'élèves FCPE: "Cela permet de garder le bac comme porte d'entrée aux études supérieures, et que les lycéens restent acteurs de leur projet".
Au final, même si les avis sont défavorables, le lycéen pourrait maintenir son choix d'orientation. Mais il pourra lui être demandé de s'engager à suivre une remise à niveau. La forme de celle-ci (stages avant la rentrée, modules supplémentaires durant l'année voire année complète) reste à déterminer.
A l'Unef, ce dispositif d'accompagnement laisse sceptique, surtout s'il est rendu obligatoire. "Imposer des choses aux étudiants n'a jamais rien réglé", estime sa présidente Lilâ Le Bas, qui de toute façon "ne voi(t) pas avec quels moyens" le ministère pourrait mettre en place un dispositif qui s'annonce coûteux.
Mais le syndicat étudiant se dit surtout "très inquiet" de la possibilité qui pourrait selon Le Parisien être donnée aux filières en grande tension de refuser des étudiants, "de manière transitoire". Ils se verraient proposer des cursus proches à celui souhaité.
"Cela voudrait dire que l'on intègre dans la loi une forme de sélection" à l'entrée de l'enseignement supérieur, qui affecterait en priorité les jeunes des milieux les plus modestes, estime Lilâ Le Bas, qui parle de mesure "inacceptable" et prévient que le syndicat étudiant se joindra à l'appel à la mobilisation interprofessionnelle le 16 novembre si cette solution était confirmée.
Les mesures annoncées lundi seront intégrées dans la nouvelle plateforme d'inscription dans l'enseignement supérieur -qui ne s'appellera plus Admission post-bac (APB)- dont l'ouverture pourrait se faire un peu plus tard que la date habituelle, qui était le 20 janvier.
La plateforme APB avait concentré toutes les critiques sur les manquements structurels des modalités d'entrée à l'université.
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