Dans un coin de désert, soigneusement choisi pour l'anniversaire de la bataille, les démineurs de l'armée égyptienne, équipés de tenues anti-mines et de détecteurs, se sont livrés à une démonstration devant des responsables européens et onusiens.
Un engin spécialisé dans le déminage balaie la zone avec son rouleau muni de chaînes, soulevant un épais nuage de poussière. Une mine explose. Deux autres explosions contrôlées retentissent dans le désert, déclenchant un panache de fumée jaune et rouge.
La seconde bataille d'El Alamein -- qui a commencé le 23 octobre 1942 -- a opposé les forces alliées commandées par le maréchal britannique Bernard Montgomery aux forces de l'Axe commandées par le chef de l'Afrika Korps, Erwin Rommel.
La défaite de ce dernier a été l'un des tournants décisifs de la Seconde Guerre mondiale, mettant fin aux ambitions d'Hitler et de Mussolini de s'emparer de la cité portuaire d'Alexandrie et du canal de Suez.
Stationnée non loin d'El Alamein, une unité spécialisée du génie de l'armée égyptienne s'active encore tous les jours pour déminer le désert, malgré les efforts considérables déjà réalisés et l'aide de la communauté internationale.
En 1942, la bataille a laissé "une grande quantité d'engins non explosés qui représentent un risque majeur pour les populations", a estimé Ivan Surkos, chef de la délégation de l'Union européenne (UE) en Egypte, en visite à El Alamein cette semaine, en marge des cérémonies du 75e anniversaire de la bataille.
Aujourd'hui, "on estime que 2.680 km² de territoire sur la côte nord-ouest sont toujours contaminés", a ajouté M. Surkos.
Prévention
Dans une école visitée par la délégation, deux garçons lisent une affiche accrochée au mur évoquant le "tueur caché", une allusion aux mines.
Devant une classe de garçons et de filles, les responsables de l'UE et ceux du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), également impliqué dans le déminage, sont venus constater les effets de la prévention.
"Est-ce que je vais le ramasser?", demande aux élèves une responsable du PNUD en montrant un objet ressemblant à une mine. "Non", répondent-ils en choeur. "Je le laisse où il est", ajoute un garçon.
Le programme du ministère égyptien de la Coopération internationale lancé en 2006 a commencé à porter ses fruits. En 2017, un seul incident lié aux mines à été reporté à ce jour, contre des dizaines auparavant.
"J'avais un mouton que je promenais régulièrement dans le désert et il y avait une mine enfouie dans le sol", raconte à l'AFP Farahat Abdel Atie, partiellement amputé d'une jambe en 2001 après avoir sauté sur une mine.
En 2014, l'Union européenne s'est jointe aux efforts égyptiens avec une enveloppe de 4,7 millions d'euros.
"A ce jour, le projet a dépassé ses objectifs avec 1.096 km² déminés", selon un communiqué commun du ministère égyptien, du PNUD et de l'UE.
Mais la tâche n'est pas encore achevée et en août, le programme a été prolongé jusqu'en avril 2018.
Aujourd'hui, les munitions non explosées "sont largement concentrées à El Alamein et au sud" de la ville, selon le ministère de la Coopération internationale, rendant certaines parties du territoire impropres au développement.
Sur l'une des zones qui a été nettoyée, les autorités égyptiennes construisent la nouvelle ville d'El Alamein, un projet pour développer notamment le tourisme et les affaires dans la région.
Face à la plage et la mer bleu azur, les pelleteuses ont tout juste commencé les opérations d'extraction du sable du désert.
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