Theo Martins Jackson, 29 ans, a été condamné à dix-neuf ans de réclusion, dont cinq avec sursis, et Willem Oosthuizen, 30 ans, à seize ans de réclusion, dont cinq avec sursis, par un tribunal de Middelburg (nord-est).
"Le comportement des accusés a été des plus déshumanisants et répugnants", a fustigé la juge Segopotje Mphahlele, estimant qu'il avait "attisé les tensions raciales" dans le pays.
Les deux fermiers, qui avaient plaidé non coupable, ont accueilli nerveusement leur condamnation, tête baissée, tandis que des membres de leurs familles éclataient en sanglots dans le public.
Soutenu par le Congrès national africain (ANC) au pouvoir, leur victime, Victor Mlotshwa, a pour sa part affiché un large sourire.
Les faits remontent à l'an dernier, mais l'affaire n'avait éclaté au grand jour que plusieurs mois plus tard, après la diffusion sur l'internet d'une vidéo filmée au téléphone portable montrant le calvaire infligé à Victor Mlotshwa.
Sur ce film de 20 secondes, le Noir de 27 ans est allongé dans un cercueil flambant neuf, posé sur un sol rocailleux et poussiéreux. L'un des fermiers tente de fermer le cercueil, tandis que la victime gémit et essaie coûte que coûte de l'en empêcher.
Sur une deuxième vidéo tout aussi accablante révélée pendant le procès, le jeune homme supplie "s'il vous plaît, ne me tuez pas".
"Pourquoi ne pas le faire alors que vous tuez notre ferme ?", lui rétorque un de ses agresseurs, qui menacent de jeter dans le cercueil un serpent ou de l'essence pour le brûler vif.
Pendant le procès, qui a suscité un grand intérêt en Afrique du Sud, les deux fermiers ont affirmé avoir seulement voulu effrayer la victime qu'ils avaient, selon eux, attrapée en train de voler des câbles de cuivre.
- 'Absence de remords' -
Victor Mlotshwa a pour sa part expliqué qu'il se rendait simplement à Middelburg en coupant à travers champs pour aller faire des courses pour sa mère lorsqu'il a été agressé.
Willem Oosthuizen et Theo Martins Jackson avaient été reconnus coupables de tentative de meurtre, enlèvement, agression et intimidation au terme de leur procès en août et laissés en liberté provisoire en attente du prononcé de la sentence.
Dans son verdict vendredi, la juge Mphahlele a notamment souligné que ce n'était pas le premier incident du genre impliquant les deux accusés et estimé que leur "attitude pendant le procès a clairement démontré une absence de remords".
Elle a d'ailleurs rejeté l'appel immédiatement formé par les deux condamnés.
Un avocat des deux fermiers, Marius Coertze, a annoncé qu'il allait désormais contester la décision devant la Cour suprême d'appel. "J'ai été choqué par cette condamnation parce que personne n'est mort", a-t-il déclaré, regrettant la pression des médias et de l'opinion publique.
Par la voix de sa ministre des Communications, Mmamoloko Kubayi-Ngubane, le gouvernement sud-africain s'est réjoui du verdict en espérant qu'il "dissuade les autres auteurs d'actes inhumains et racistes" dans le pays.
"Cette condamnation réaffirme clairement que le racisme, quelle que soit sa forme, ne sera pas toléré en Afrique du Sud", s'est pour sa part félicité l'élu James Masango, au nom de l'Alliance démocratique (DA, opposition).
Au terme de cette "affaire ridicule", le message envoyé par la justice est que "le racisme et la discrimination ne sont pas permis" dans le pays, a également réagi Amnesty International.
Près d'un quart de siècle après la fin officielle du régime ségrégationniste en Afrique du Sud, les attaques racistes continuent d'empoisonner les relations entre la majorité noire et la minorité blanche, en particulier dans les zones rurales.
En avril-mai, de violentes échauffourées avaient éclaté dans la bourgade de Coligny (nord-ouest), après la libération sous caution de deux Blancs soupçonnés dans la mort d'un adolescent noir.
La persistance d'inégalités économiques entre Noirs et Blancs rend la liberté amère dans la jeune démocratie "arc-en-ciel".
Selon les statistiques officielles, 30,1% de la majorité noire est au chômage, contre 6,6% des Blancs. Et le salaire mensuel médian des Noirs est de 2.800 rands (180 euros) contre 10.000 rands (642 euros) pour les Blancs.
vid-gw-pa/bed/jh
A LIRE AUSSI.
Etats-Unis: Roof déclaré coupable de la tuerie raciste de Charleston
Après l'ivoire, la peau des ânes africains au coeur d'un trafic meurtrier
Tuerie de Charleston: Dylann Roof formellement condamné à mort
En Afrique du Sud, le retour à la terre réussi des Moletele
Au Lesotho, le principal employeur reste... l'Afrique du Sud
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.