Les deux septuagénaires, brièvement écroués en juin, avaient été remis en liberté, avec l'obligation de résider séparément et loin de leur domicile vosgien.
Quatre mois plus tard, ils ont demandé à rentrer chez eux dans deux procédures distinctes. Vendredi matin, l'avocat de Jacqueline Jacob, Me Alexandre Bouthier, a plaidé devant la chambre de l'instruction, en l'absence de sa cliente, pour la mainlevée de son contrôle judiciaire.
Mme Jacob "veut rentrer chez elle, elle est victime, car elle est innocente, d'un scenario délirant", a lancé Me Bouthier à l'issue d'une audience qui s'est achevée vers 10H30, arguant d'"un alibi en béton". "Il est parfaitement établi (que les époux) étaient sur leur lieu de travail" à l'heure des faits, a-t-il dit.
Marcel Jacob sollicite pour sa part une simple modification de son contrôle judiciaire. Sa requête a été plaidée mercredi devant la juridiction, dont la présidente, Claire Barbier, est en charge du dossier.
Les deux décisions ont été mises en délibéré. Elles seront rendues ensemble à 16 heures.
Investigations en cours
Comme il l'avait fait mercredi, le procureur général, Jean-Jacques Bosc, s'est opposé à la mainlevée du contrôle judiciaire. Ils met en avant le motif que les époux doivent être entendus séparément en novembre et que des investigations restent à faire sur leur emploi du temps de l'époque.
L'arrestation des Jacob, jamais inquiétés auparavant, avait relancé en juin une affaire qui reste un mystère depuis la mort du garçonnet de 4 ans, retrouvé pieds et poings liés dans les eaux de la Vologne il y a plus de 33 ans.
Les époux Jacob sont soupçonnés d'avoir été les "corbeaux" de l'affaire, auteurs de plusieurs lettres anonymes très bien renseignées, et d'être impliqués dans le rapt et la mort de Grégory, dans le cadre d'un "acte collectif" qu'ils contestent.
Marcel Jacob est convoqué par Mme Barbier le 10 novembre pour s'expliquer sur le fond de l'affaire. Son avocat, Me Stéphane Giuranna, invoquera notamment un tableau réalisé par les enquêteurs en 1984, indiquant que la présence des Jacob à leur travail à l'heure du crime avait été "vérifiée auprès de l'employeur".
Une semaine plus tard, le 17 novembre, sa femme Jacqueline est convoquée à son tour. Elle avait invoqué son droit au silence lors de ses premières auditions mais compte cette fois s'exprimer, selon son avocat Me Bouthier.
Le conseil, qui juge "surprenant" que l'audition survienne aussi tardivement après la mise en examen, s'attachera lui aussi à démontrer que sa cliente ne pouvait matériellement pas commettre le crime.
Droit au silence
Les alibis des Jacob sont cependant jugés "invérifiables" par les avocats des parents de Grégory Villemin. Ceux-ci ont annoncé ne pas prendre position sur la simple modification du contrôle judiciaire de M. Jacob, mais se sont opposés à la mainlevée de celui de sa femme.
"Elle a fait valoir son droit au silence, qui est certes un droit, mais en l'occurrence elle ne s'est pas exprimée, elle ne s'est pas expliquée", a observé vendredi Me Marie-Christine Chastant-Morand, avocate des parents de Grégory.
Si la chambre de l'instruction refuse de laisser rentrer chez eux les deux septuagénaires, la défense de Marcel Jacob envisage un pourvoi en cassation. Pour Jacqueline Jacob, une deuxième audience est programmée, le 20 novembre, pour demander la modification de son contrôle judiciaire.
Murielle Bolle, qui avait incriminé son beau-frère Bernard Laroche en 1984 alors qu'elle avait 15 ans, conteste aussi sa récente mise en examen. Ses avocats préparent une requête en nullité, assortie d'une question prioritaire de constitutionnalité sur les conditions de sa garde à vue à l'époque.
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