"Nous ne pensons pas qu'il y ait un avenir pour le régime Assad et la famille Assad", a déclaré le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson, peu avant le rapport de l'ONU mettant en cause le pouvoir syrien.
"Je pense l'avoir dit à plusieurs occasions. Le règne de la famille Assad arrive à sa fin, la seule question qui reste est de savoir comment cela sera provoqué", a-t-il poursuivi devant des journalistes à Genève où il a rencontré l'émissaire des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura. Un message qui avait rarement été aussi clair.
Ces propos et, quelques heures après, le rapport très attendu des experts de l'ONU et de l'OIAC (Organisation pour l'interdiction des armes chimiques) ont éclipsé l'annonce dans la journée d'un nouveau cycle de pourparlers.
L'attaque au gaz sarin du 4 avril à Khan Cheikhoun, dans la province d'Idleb (nord de la Syrie), alors contrôlée par des rebelles et des jihadistes, a fait 83 morts selon l'ONU, au moins 87 dont plus de 30 enfants selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Après l'attaque, les Etats-Unis avaient lancé leur première action militaire contre le régime en six ans de guerre, tirant 59 missiles de croisière Tomahawk depuis deux navires américains en Méditerranée vers la base aérienne syrienne d'Al-Chaayrate (centre) dans la nuit du 6 au 7 avril.
Le rapport a conclu, comme l'affirmaient notamment Washington, Londres et Paris, que le régime de Damas est bien responsable de l'attaque. Les éléments rassemblés vont dans le sens du "scenario le plus probable" selon lequel "le gaz sarin a été le résultat d'une bombe larguée par un avion", affirme le rapport, "certain que le responsable de cette attaque sur Khan Cheikhoun est le régime syrien".
"Le Conseil de sécurité doit envoyer un message clair: aucun usage d'arme chimique ne sera toléré et il faut apporter un soutien total aux enquêteurs indépendants", a réagi de son côté l'ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies, Nikki Haley.
"Tout pays qui se refuse à le faire ne vaut pas mieux que les dictateurs et les terroristes qui utilisent ces armes terribles", a-t-elle ajouté.
Le rapport a délivré une "conclusion claire", a abondé le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, qui a exhorté "la communauté internationale à s'unir pour tenir le régime de Bachar al-Assad responsable" de cette attaque.
"J'appelle la Russie à cesser de couvrir son abject allié et tenir son propre engagement, qui est de s'assurer que les armes chimiques ne soient plus jamais utilisées", a-t-il réclamé.
Les images des habitants agonisants de Khan Cheikhoun, dont de nombreux enfants, avaient frappé la communauté internationale. Le président américain Donald Trump avait notamment qualifié de "boucher" son homologue syrien.
Huitième round de discussions
Mais les propos de son secrétaire d'Etat jeudi, dont la fermeté tranchait avec les précédentes prises de position de Washington, ont fait grincer des dents dans le rang des alliés de Bachar al-Assad.
"Nous ne devrions pas anticiper l'avenir, le futur seul sait ce qui attend chacun", a ainsi répondu l'ambassadeur russe aux Nations unies, Vasily Nebenzia.
L'émissaire des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, avait indiqué plus tôt dans la journée qu'un nouveau cycle de pourparlers sur la Syrie se tiendrait à partir du 28 novembre à Genève, sous l'égide de l'ONU.
"Nous devons engager les parties (au conflit) dans de vraies négociations", a déclaré le diplomate suédo-italien, qui a vu son annonce de recherche de solution pacifique occultée par les déclarations de Rex Tillerson, avec qui il s'était pourtant entretenu dans la journée.
Staffan de Mistura a déjà organisé sept sessions de discussions entre le régime syrien et l'opposition. Jamais il n'a réussi à surmonter le principal obstacle, qui concerne le sort du président Bachar al-Assad.
Le fils de l'ancien président Hafez al-Assad, soutenu par les forces armées iraniennes et russes, n'a pas abandonné les rênes du pays, plongé depuis 2011 dans une guerre civile sanglante. Il n'a cessé de répéter qu'il ne démissionnerait pas sous la pression des rebelles, qu'il qualifie de "terroristes".
Mais plusieurs puissances occidentales, l'opposition syrienne et les pays arabes voisins accusent Bachar al-Assad d'être responsable des 333.000 morts du conflit.
Sous Barack Obama, les Etats-Unis avaient assuré à de nombreuses reprises que ses jours à la tête de la Syrie étaient comptés, mais l'ancien président démocrate avait refusé de recourir à des frappes militaires après de précédentes accusations d'utilisation d'armes chimiques par Damas.
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