Sans une note et pendant trois quarts d'heure, le magistrat Christophe Teissier, 54 ans, a résumé avec aisance devant la cour d'assises de Paris l'ensemble des actes de son instruction qui ont abouti à la mise en cause des deux accusés.
Il a ensuite été longuement interrogé par l'avocat d'Abdelkader Merah, Eric Dupond-Moretti, qui l'avait cité à comparaître.
"Vous nous avez livré une version conforme à votre instruction, mais qui vous a donné les informations sur Abdelkader en dehors de lui-même?", a demandé au juge le ténor du barreau.
L'avocat a rappelé que c'est l'accusé lui-même qui a signalé sa présence lors du vol du scooter utilisé durant les tueries par son frère et qui a indiqué qu'il écoutait des enregistrements audio de cours de préparation au jihad dont Mohamed Merah, selon l'accusation, aurait pu s'inspirer.
"Oui, c'est le premier à avoir parlé du vol du scooter", a convenu Christophe Teissier. "Mais c'est quand les audios ont été retrouvés sur son Ipod qu'il a dit qu'il les avait écoutés", a-t-il ajouté.
Sur ces fichiers compromettants, qui fondent l'accusation d'association de malfaiteurs terroriste criminelle, l'avocat a indiqué avoir réclamé au juge une transcription intégrale qui lui a été refusée. "Or, un certain nombre d'entre eux n'ont aucun rapport avec le comportement adopté par Mohamed Merah", a-t-il souligné.
Eric Dupont-Moretti s'est également interrogé sur ce qui différencie le cas d'Abdelkader Merah, accusé d'extrémisme religieux, complicité dans le vol du scooter et l'achat d'un blouson utilisés par le tueur, de celui de Mohamed Meskine. Les mêmes charges pesaient sur Meskine mais il a, lui, bénéficié d'un non-lieu grâce au revirement d'un témoin.
"Il y a la proximité entre les deux frères au moment des faits", lui a répondu le juge.
"Mais, que savez-vous de leurs conversations ?", a répliqué l'avocat.
"On a retenu un certain nombre de rencontres à des moments particuliers qui devaient être prises en considération même si on ne sait pas ce qu'ils se sont dit", a expliqué le magistrat, qui a relevé cinq rencontres pendant la période des attentats.
Pour le blouson acheté par Abdelkader Merah à son frère avant les attaques, élément à charge de l'accusation, "savez-vous que Merah ne le portait pas à l'école juive ?", a interrogé Eric Dupont-Moretti. "Dans toute votre procédure, vous n'avez même pas été capable de voir cela", a-t-il lancé au juge, sans être contredit.
Abdelkader Merah est jugé pour "complicité" des sept assassinats perpétrés par son frère Mohamed en mars 2012, dont quatre dans une école juive de Toulouse. Il est également accusé d'avoir participé "à un groupement criminel affilié à Al-Qaïda prônant un islamisme jihadiste (...) en appliquant à lui-même et à son frère Mohamed les recommandations de cette organisation dont il possédait les enseignements et les conseils opérationnels".
Il comparaît auprès d'un délinquant, Fettah Malki, qui a fourni l'une des armes et un gilet pare-balles utilisés par Mohamed Merah.
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