C'est plutôt le nombre de voix favorables à un maintien au pouvoir du président Temer qui sera scruté, car il donnera une indication sur l'appui dont celui-ci disposera lors de sa dernière année de mandat pour mener à bien des réformes de fond -- une douloureuse refonte du système des retraites en tête.
L'issue du vote, attendue au terme d'une journée de débats qui s'annonce longue, faisait elle peu de doutes. Et si une petite quinzaine de députés de gauche a manifesté à l'ouverture de la séance en brandissant des pancartes "Fora Temer" (Temer dehors), c'était plutôt pour la forme.
Ces derniers jours, le chef de l'État a mené d'intenses tractations, recevant des dizaines de députés, pour s'assurer que l'opposition ne parviendrait pas à rassembler les 342 voix (les deux tiers de la Chambre) nécessaires pour que la Cour suprême se saisisse de son dossier.
Il a fait des concessions de poids aux puissants lobbys en retirant l'aéroport de Congonhas de Sao Paulo de la liste des futures privatisations ou en abaissant les amendes prévues en cas d'atteintes à l'environnement, un geste fort à l'attention des 200 députés ruralistes.
Mis en accusation pour "obstruction à la justice et participation à une organisation criminelle", Michel Temer peut aussi toujours compter sur le soutien des milieux d'affaires, et du même coup d'une majorité de parlementaires.
En août, il s'était déjà débarrassé d'une première mise en accusation, pour "corruption passive", en obtenant 263 voix en sa faveur, contre seulement 227 pour l'ouverture d'un procès.
La nouvelle mise en accusation contre le président "sera mise en échec avec plus ou moins le même nombre de voix que la première", a prédit auprès de l'AFP le député Pauderney Avelino, du parti de droite DEM.
Ensuite, "nous allons stabiliser la politique, parce que nous ne pouvons pas changer de président comme on change de vêtements", a-t-il ajouté.
'Conspiration'
Président le plus impopulaire depuis la dictature militaire (1965-1984), avec un taux d'approbation qui s'est effondré à 3%, M. Temer, 77 ans, continue de s'accrocher au pouvoir contre vents et marées.
Il affiche une confiance sans faille, se présentant comme le seul capable de mener les réformes dont le Brésil a besoin pour sortir d'une récession historique.
Même si l'éventualité apparaissait mercredi improbable, en cas de jugement par la suprême, le président serait écarté du pouvoir pour six mois, le temps du procès.
"Ce gouvernement ne présente plus les conditions morales, institutionnelles et politiques nécessaires pour continuer à gouverner le Brésil", s'est insurgé mardi le député José Guimaraes, du Parti des Travailleurs (PT, gauche).
Michel Temer est arrivé au pouvoir l'an dernier, après la destitution controversée de Dilma Rousseff, du PT, dont il était le vice-président.
Malgré des scandales de corruption à répétition qui ont conduit à la démission de plusieurs de ses ministres, il est parvenu à se maintenir au pouvoir, promettant de "remettre le Brésil sur les rails".
Accusé d'avoir orchestré un vaste réseau de corruption avec des caciques de son parti en échange de faveurs octroyées à des chefs d'entreprise, il se dit victime d'une "conspiration".
Si le président parvient une nouvelle fois à se tirer d'affaire mercredi, le gouvernement espère avoir les mains libres pour passer l'épineuse et impopulaire réforme des retraites en cours d'examen au Parlement.
Pour que cette réforme soit approuvée, 308 voix sont nécessaires.
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