L'audience devait démarrer en milieu de matinée en l'absence de Marcel Jacob, dont "les conditions matérielles de contrôle judiciaire l'empêchent d'être présent", a dénoncé son avocat Me Stéphane Giuranna.
L'arrestation du couple de septuagénaires en juin avait relancé une affaire qui n'a pas été élucidée en plus de 33 ans. Brièvement écroués, ils ont été libérés mais ont l'obligation de résider séparément et loin de leur domicile vosgien.
Devant la présidente de la chambre de l'instruction Claire Barbier, magistrate chargée du dossier, le procureur général Jean-Jacques Bosc devait s'opposer à la demande de M. Jacob, en arguant notamment que les deux époux, qui demandent à rentrer chez eux, doivent être entendus séparément en novembre.
"Il faut qu'il rentre chez lui: la justice a eu 33 ans pour enquêter, un délai déraisonnable déjà, donc qu'on me dise que ça nécessite encore des mois et des mois d'investigation, je ne peux pas l'entendre", a rétorqué Me Stéphane Giuranna mercredi avant l'audience.
Me Giuranna avait exhumé du dossier, début octobre, un tableau réalisé par les enquêteurs en 1984, indiquant que la présence des Jacob à leur travail à l'heure du crime avait été "vérifiée auprès de l'employeur". Un argument qu'il invoquera aussi le 10 novembre lors de l'interrogatoire de son client par la magistrate en charge du dossier.
Jamais inquiétés auparavant, les deux époux sont soupçonnés d'avoir été les "corbeaux" de l'affaire, en ayant écrit plusieurs lettres anonymes bien renseignées. Selon l'accusation, ils seraient aussi impliqués dans le rapt et le décès du petit garçon de 4 ans, retrouvé pieds et poings liés dans les eaux de la Vologne, dans le cadre d'un "acte collectif" qu'ils contestent.
Alibi "solide"
Jacqueline Jacob viendra à son tour, vendredi, devant la chambre de l'instruction, pour demander non seulement à rentrer chez elle, mais aussi la levée de toutes les dispositions de son contrôle judiciaire. Le procureur général devrait, là encore, s'opposer à sa demande, alors qu'elle doit être entendue le 17 novembre par Mme Barbier.
Ses avocats mettent eux aussi en avant l'impossibilité pour leur cliente d'avoir participé au crime. "De tous les éléments concernant Jacqueline Jacob, le plus solide, c'est son alibi", lance Me Frédéric Berna, l'un de ses conseils.
Un argument balayé par Me Thierry Moser, avocat historique des parents Villemin, pour qui les alibis avancés par les époux Jacob seront "sinon anéantis, au moins affaiblis" par l'enquête qui se poursuit.
Si l'assouplissement du contrôle judiciaire devait être refusé, l'avocat de M. Jacob, Me Giuranna, a annoncé qu'il étudierait "la possibilité de former un pourvoi en cassation" et qu'il pourrait déposer une nouvelle demande de modification du contrôle judiciaire, expliquant que son client "n'en peut plus" d'un régime "particulièrement coercitif".
Jacqueline Jacob a quant à elle une autre audience programmée devant la chambre de l'instruction de Dijon, le 20 novembre, pour demander la modification de son contrôle judiciaire si l'annulation n'est pas retenue vendredi.
La défense de Murielle Bolle, elle aussi suspectée d'enlèvement suivi de mort, prépare de son côté une requête en nullité de sa mise en examen, assortie d'une question prioritaire de constitutionnalité sur les conditions de sa garde à vue en 1984.
Âgée de 15 ans, elle avait alors accusé son beau-frère, Bernard Laroche, d'avoir enlevé Grégory, avant de se rétracter. Ce dernier, premier suspect de l'affaire, avait été tué en 1985 par son cousin, Jean-Marie Villemin, le père de l'enfant, persuadé de sa culpabilité.
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