Fils d'une Tchèque et d'un Nippo-Coréen, après avoir été éboueur et vendeur de pop-corn à Tokyo, Okamura a fait fortune dans le tourisme, avant de se lancer dans la politique.
Prônant "l'arrêt de toute islamisation" et "une tolérance zéro de la migration", il conduit son parti SPD à la 4e place aux législatives, faisant entrer 22 élus au sein d'une chambre basse de 200 sièges.
Fondant sa campagne sur les peurs provoquées par la vague migratoire, il appelle à "l'interdiction de la charia" dans un pays de 10,6 millions d'habitants dont la communauté musulmane ne compte que quelque 10.000 à 20.000 personnes et qui n'a jusqu'à présent accepté que douze réfugiés alors qui l'UE lui a demandé d'en accueillir 1.600.
Celui qui affiche fièrement ses liens avec le Front national de Marine Le Pen, n'hésite même pas à exhorter ses concitoyens à promener leurs chiens et leurs cochons, animaux impurs pour les musulmans, à côté des mosquées du pays (qui n'en compte que deux) et à ne plus manger de kebab.
"Il fait peur aux gens alors qu'il n'y a pas de migrants ici", s'étonne Andrej Babis, chef du mouvement ANO sorti grand vainqueur des législatives, avant de qualifier la campagne de M. Okamura de "brutalement populiste", tout en reconnaissant en lui "un excellent orateur".
L'appel du chef du SPD à l'organisation d'un référendum - actuellement improbable - sur la sortie de l'UE sonne bien à l'oreille de ses électeurs, l'euro-scepticisme et le refus de l'euro étant monnaie courante en République tchèque.
Victime de brimades
Né le 4 juillet 1972 à Tokyo, Tomio Okamura partage les deux premières décennies de sa vie entre le Japon et l'ex-Tchécoslovaquie.
"J'ai passé une partie de mon enfance dans un foyer d'accueil, en raison de la maladie de ma mère", raconte-t-il.
C'est là-bas, au village de Mastov à une centaine de kilomètres à l'Ouest de Prague, qu'il a connu "la faim et l'injustice sociale", ainsi que "la brimade et le racisme, à cause de mes yeux bridés", émouvra-t-il un jour ses futurs électeurs.
Installé définitivement en République tchèque après la chute du communisme en 1989, cet habitué des salles de musculation travaille d'abord comme guide des touristes japonais mais devient rapidement responsable de l'Association des agences de voyage tchèque.
Peut-être inspiré par le nain de jardin voyageur du film "Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain", il fait parler de lui avec un projet de "Toy Travelling", proposant des tours du monde aux ... peluches.
Son entrée en politique date de 2012. Il est élu sénateur, déjà avec un discours xénophobe et populiste, alors essentiellement anti-Rom.
Dans l'intérêt de Poutine
Tomio Okamura entre ensuite à la chambre basse en 2013 sous les couleurs du parti "Aube de la démocratie directe" qui se fragmente peu après à cause de différends autour de son financement.
En 2015, il fonde son parti SPD avec déjà une rhétorique strictement anti-migrants et rêve de participer au pouvoir. "Ce n'est qu'au niveau gouvernemental que nous pourrons faire valoir pleinement notre programme politique", affirme-t-il.
Deux jours après les législatives, il a rencontré leur grand vainqueur, le milliardaire populiste Andrej Babis. En le quittant, il affirmé que des convergences étaient possibles avec le chef du mouvement ANO, y compris sur l'introduction d'un éventuel référendum national et sur le refus d'offrir asile aux migrants musulmans.
Divorcé de son ancienne épouse japonaise Mie, avec laquelle il a un fils adulte, Ruy, et souffrant de ce qui fut selon lui une "séparation douloureuse" d'avec sa compagne Monika, il dit vivre actuellement seul.
Les opinions de Tomio Okamura ne sont nullement partagées par son frère Hayato, membre du parti chrétien-démocrate KDU-CSL, qui n'a pas hésité à dire que "Tomio agit dans l'intérêt du gouvernement Poutine à Moscou qui déploie tous les efforts en vue d'affaiblir et de démonter l'UE".
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