Ce scrutin, dans le sillage du vote sur la programmation des finances publiques jusqu'en 2022, va clore une semaine de débats passionnés sur plusieurs mesures emblématiques, comme la transformation de l'ISF en impôt sur la seule fortune immobilière ou la fin progressive de la taxe d'habitation pour 80% des ménages.
Si socialistes, communistes et "Insoumis" voteront contre, comme le groupe LR pour d'autres raisons, les alliés de La République en marche et du MoDem vont assurer une majorité très large, malgré des bémols du parti de François Bayrou.
Les Constructifs sont partagés: certains saluent des "avancées majeures", comme leur coprésident Franck Riester (issu de LR), d'autres oscillent entre contre et abstention tel le patron de l'UDI Jean-Christophe Lagarde, qui pointe cependant le budget "le moins pire depuis 15 ans".
Les ministres des Finances Bruno Le Maire et des Comptes Publics Gérald Darmanin (tous deux issus de LR) n'ont cessé de défendre un budget de "transformation", mais aussi la volonté d'ancrer la France sous la barre des 3% de déficit pour retrouver de "la crédibilité" en Europe, à l'heure où Paris plaide pour une réforme d'ampleur.
Avec l'instauration d'un prélèvement forfaitaire unique de 30%, la mue de l'ISF, défendue comme une incitation aux investissements dans l'économie productive, a cristallisé le plus d'oppositions, avec des critiques jusque dans une portion de la majorité.
Le patron du MoDem et ancien ministre François Bayrou, qui n'a pas obtenu gain de cause à l'Assemblée pour s'assurer que le nouvel IFI favorise bien les investissements, a affirmé dimanche qu'il compte sur le Sénat. Mais le gouvernement ne souhaite pas qu'on remette en cause "l'équilibre de cette réforme".
Une '2e lame' avec le budget Sécu
Aux députés de droite qui ont dénoncé "le sacrifice des classes moyennes" ou des territoires, comme 66 encore lundi dans Le Figaro, le tandem de Bercy a opposé la contestation. "Tout ce que vous réclamiez pendant des années, Eric Woerth, nous le faisons... alors soutenez-nous!", a aussi lancé Bruno Le Maire au président LR de la commission des Finances et ex-ministre du Budget de Nicolas Sarkozy.
La gauche, où chaque groupe a joué sa partition sans compter les critiques de François Hollande à distance, a dénoncé des "cadeaux aux riches" et aux "détenteurs de capitaux", et un "trompe-l'oeil" sur les mesures défendues par la majorité pour le pouvoir d'achat, qualifiées de "miettes".
Plusieurs semaines après le "contre-budget" socialiste porté par Valérie Rabault, les parlementaires communistes ont dévoilé lundi le leur, "qui met l'argent au service du développement humain", sous forme d'un tract tiré à un million d'exemplaires.
Des députés LREM martèlent que "l'étiquette +président des riches+ ne tiendra pas", là où les opposants à la politique de l'exécutif clament qu'elle va marquer le quinquennat.
Sitôt après le vote, l'Assemblée va plonger en fin de journée dans le budget de la Sécurité sociale, qui doit ramener, au prix d'économies dans la santé, le déficit de la Sécu à 2,2 milliards d'euros l'année prochaine, niveau inédit depuis 17 ans.
Le texte, défendu par la ministre de la Santé Agnès Buzyn mais aussi Gérald Darmanin, est présenté par le gouvernement comme un budget à la fois de "responsabilité" et de "solidarité".
Mais la gauche dénonce "une deuxième lame", selon la formule PS, et une "injustice", notamment pour les retraités, avec la hausse de la contribution sociale généralisée de 1,7 point devant compenser la suppression des cotisations chômage et maladie pour les salariés du privé. Certains à droite fustigent aussi la mesure sur la CSG au nom de la défense des retraités.
Plusieurs parlementaires s'attendent à des débats "intenses et politisés", notamment sur la CSG. Les vaccins, le tabac ou la taxation des sodas augurent de temps forts jusqu'à vendredi, voire lundi, pour boucler quelque 1.200 amendements sur les articles.
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