"Salut ! Je suis sorti" du centre de détention, a écrit sur Instagram l'avocat et blogueur anticorruption de 41 ans, avec une photo le montrant dans une rue.
Candidat déclaré à la prochaine présidentielle, Alexeï Navalny a à cet égard ajouté qu'il était "prêt à travailler" et se rendait à un rassemblement prévu pour dans la soirée à Astrakhan (sud-ouest) auquel les autorités locales ont cette fois donné leur aval.
Avec de telles manifestations, l'opposant espère rythmer la campagne électorale en vue du scrutin de 2018.
Inéligible ?
Et ce bien que mardi, la présidente de la commission électorale centrale, Ella Pamfilova, eût affirmé qu'il était inéligible jusqu'en 2028 en raison d'une condamnation de justice.
A moins de six mois du scrutin, pour lequel Vladimir Poutine ne s'est pas encore officiellement déclaré candidat, l'opposant devrait en effet continuer à multiplier les déplacements et les manifestations pour élargir sa base électorale, essentiellement concentrée à Moscou.
Peu après sa condamnation à 20 jours de prison, il avait ainsi appelé à manifester le 7 octobre, jour de l'anniversaire du chef de l'Etat russe. Des milliers de personnes s'étaient réunies dans plusieurs villes et au moins 270 avaient été arrêtées.
En dépit de l'indifférence des médias publics nationaux, ses meetings avaient également rassemblé en mars et en juin des dizaines de milliers de personnes, souvent très jeunes, à travers la Russie et débouché sur des centaines d'arrestations.
Ces manifestations du printemps, interdites par les autorités, ont valu deux autres condamnations à Alexeï Navalny à de courtes peines : 15 jours pour l'organisation de la manifestation de mars, puis 25 jours pour celle de juin.
L'opposant, qui a ouvert des dizaines de bureaux de campagne en province dans la foulée du succès de ces meetings, est souvent la cible d'agressions. Il est aussi l'objet de plusieurs poursuites judiciaires visant, selon ses partisans, à entraver ses ambitions politiques.
- Nouvelle rivale -
Résolu à mener campagne contre Vladimir Poutine, Alexeï Navalny doit maintenant composer avec un autre coup de théâtre survenu pendant sa détention : l'annonce mercredi soir de la candidature de Ksenia Sobtchak, une vedette de télévision proche de l'opposition.
Cette candidature, que de nombreux médias et analystes ont qualifiée de "coup monté" du Kremlin, risque de diviser davantage les rangs des adversaires à Vladimir Poutine.
Dès septembre, alors que cette candidature n'était encore qu'hypothétique, Alexeï Navalny l'avait ainsi vertement critiquée, dénonçant un "plan du Kremlin" et qualifiant de "caricature de candidat libéral" Ksenia Sobtchak, fille du mentor politique du président russe, Anatoli Sobtchak.
En retour, cette femme de 35 ans, qui affirme être une candidate "contre tous", l'avait accusé de vouloir garder "le monopole de l'opposition". Elle a cependant ensuite affirmé mercredi soir qu'elle retirerait sa candidature si Alexeï Navalny était autorisé à se présenter en mars.
Sorti de prison, Alexeï Navalny pourrait désormais avoir l'occasion de se positionner clairement face à cette nouvelle rivale, qui a incarné la jeunesse dorée de la première décennie de l'ère Poutine, avant de se rapprocher de l'opposition au moment des manifestations de 2011-2012.
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