Malgré une troisième manifestation très clairsemée jeudi -- quelques "dizaines de milliers de personnes" contre 500.000 le 12 septembre, selon la CGT-- le patron de la CGT, Philippe Martinez s'est dit "déterminé à aller jusqu'au bout".
La division syndicale "pèse fortement sur la mobilisation", a-t-il reconnu vendredi en marge du congrès de l'union départementale de la CGT du Lot-et-Garonne.
Sans surprise, le syndicat porte désormais le débat aussi sur le terrain juridique. Il a saisi le Conseil d'Etat sur l'une des cinq ordonnances, déjà en vigueur. Il prévoit de déferrer les autres dans quelques semaines.
Mais la CGT paraît de plus en plus isolée. Associée lors des deux dernières manifestations, la FSU n'a pas dit oui à celle de jeudi.
A l'issue d'une intersyndicale le 9 octobre, les syndicats réunis au siège de la CGT n'étaient ressortis qu'avec .... une simple date pour se revoir, une fois entamées les premières consultations avec le gouvernement sur les nouvelles réformes (apprentissage, formation professionnelle, assurance chômage).
Ils ont donc rendez-vous mardi 24, au siège de la CFDT cette fois.
"L'idée pour la CFDT est d'être en capacité de porter des propositions communes", a expliqué vendredi son patron Laurent Berger, à quelques journalistes en sortant d'une rencontre avec la ministre du Travail.
Et quid d'une date unitaire alors que la CGT mise sur une mobilisation interprofessionnelle mi-novembre?
"Ce qui nous intéresse c'est le fond (...), ce n'est pas d'avoir des dates de mobilisation", a taclé M. Berger, visant le cavalier seul de la CGT dans le choix des dates de mobilisation depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron.
"Isolement de la CGT"
Jean-Marie Pernot, chercheur à l'Ires (Institut de recherches économiques et sociales), interrogé dans Le Monde, voit dans la stratégie de la CGT "une démarche identitaire" et "un pari extrêmement dangereux car elle risque d'afficher son isolement et un certain affaiblissement dans un contexte où son audience s'effrite".
Malgré l'insistance d'une partie de ses militants, Laurent Berger répète lui depuis plusieurs semaines qu'il ne voulait pas faire "démonstration de faiblesse" en manifestant contre les ordonnances.
Cette cacophonie syndicale a fait dire cette semaine au patron de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qu'il craignait la "victoire de Macron par KO" sur les ordonnances.
Piqué au vif, Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO a rétorqué: "On n'a pas de leçon à recevoir de lui ou d'autres, il est dans un rôle politique, nous on fait du syndicalisme", a poursuivi le leader syndical.
Reste que M. Mailly a été bien chahuté par sa base depuis septembre, dont une partie a défilé contre les ordonnances et obtenu qu'il essaie d'organiser une mobilisation avant leur ratification.
"La scène politique et syndicale a rarement été aussi neutralisée par un contexte politique", estime le réseau Entreprise&Personnel, spécialisé dans les ressources humaines, dans sa note annuelle de conjoncture sociale.
En attendant, le gouvernement poursuit ses consultations.
Après la CFDT vendredi, les autres organisations seront reçues mardi et mercredi au ministère du Travail. Le Premier ministre Edouard Philippe précisera mercredi lors d'une conférence de presse la méthode et le calendrier pour les trois réformes à venir.
L'exécutif a lâché un peu de lest sur la méthode, comme demandé par plusieurs syndicats, notamment avec une négociation sur la formation professionnelle et une réunion multilatérale sur le chantier périlleux de l'assurance chômage.
La CGT pétrole qui a menacé de lancer une grève dans le secteur faute de l'ouverture "immédiate" d'une négociation pour maintenir le socle de garanties de sa convention collective pourrait venir perturber la semaine.
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