Pendant ce temps, dès 8h00 du matin, des centaines de Catalans protestaient, par grappes de cinq ou six... en retirant de l'argent dans les banques. Objectif: dénoncer la "répression" de Madrid, en faisant en masse des retraits symboliques ou importants.
"C'est une manière de protester. Nous ne voulons aucun mal à l'économie espagnole ou catalane", expliquait à l'AFP Roser Cobos, une avocate de 42 ans qui venait de retirer au guichet 1.714 euros, en référence à l'année de la chute de Barcelone aux mains des troupes du roi Felipe V.
A Madrid, le gouvernement avait prévu de travailler toute la journée sur les mesures qu'il entend adopter pour reprendre la situation en main en Catalogne, où le président séparatiste Carles Puigdemont a encore prévenu jeudi que son Parlement pourrait voter une déclaration unilatérale faute de dialogue avec l'Etat.
Grâce à l'article 155 de la Constitution, Madrid pourrait assumer directement des compétences dévolues à la région, un sujet très sensible en Catalogne, où une grande partie des 7,5 millions d'habitants tient beaucoup à l'autonomie, retrouvée après la dictature de Francisco Franco (1939-1975).
La liste des mesures, qui doit être votée au Sénat, doit être finalisée samedi. Les conservateurs, au pouvoir à Madrid, y travaillent, avec socialistes et libéraux, au nom d'un "pacte national pour l'unité".
Le Parti socialiste (PSOE) souhaite limiter au maximum cette intervention de l'Etat.
"Nous serons très vigilants", a déclaré Carmen Calvo, chargée par le PSOE de négocier avec le gouvernement. "Le prestige de notre Etat de droit est en jeu".
Des élections évoquées
Mme Calvo a confirmé qu'en tête des priorités figurait l'organisation d'élections en Catalogne, en principe une compétence du président régional, qui serait alors reprise par l'Etat.
Ces élections anticipées pour renouveler le Parlement régional - dominé depuis septembre 2015 par les indépendantistes qui avaient obtenu 47,8% des suffrages - permettraient de laisser les Catalans s'exprimer et d'apaiser les esprits.
D'après le média eldiario.es, le gouvernement et les socialistes seraient d'accord pour convoquer ces élections dès janvier.
Questionnée, Mme Calvo a confirmé cette information d'un simple "oui".
Cette voie semble donc être celle que tous privilégient pour mettre fin à la crise divisant profondément les Catalans.
Des sources gouvernementales avaient déclaré mercredi que si M. Puigdemont acceptait de convoquer ces élections lui-même, Madrid renoncerait à l'application de l'article 155.
Mais le président catalan écarterait pour l'instant cette possibilité.
Le numéro trois du parti conservateur au pouvoir, Fernando Martinez-Maillo, a insisté sur le fait que jusqu'à la dernière minute, il reste une marge pour éviter cette suspension d'autonomie.
"Tant que l'indépendance n'aura pas été proclamée et s'il fait marche arrière, il y a de la marge", a-t-il dit.
Sur place cependant, le ressentiment d'une partie de la population est très fort, rendant une marche arrière de M. Puigdemont difficile. Les manifestations se succèdent presque quotidiennement.
Deux associations indépendantistes, l'Assemblée nationale catalane (ANC) et Omnium Cultural, ont invité les militants à des "actions directes pacifiques", comme les retraits d'argent organisés vendredi.
Les indépendantistes accusent l'Etat espagnol de bafouer leurs droits, en premier lieu "le droit de vote", alors qu'ils réclament depuis 2012 la tenue d'un référendum d'autodétermination.
Le 1er octobre, ils ont organisé un référendum, interdit par Madrid. Ce scrutin qu'ils disent avoir emporté avec 90% des voix et une participation de 43%, a été émaillé de violences policières.
Lundi, deux figures de l'indépendantisme en Catalogne, Jordi Cuixart et Jordi Sanchez, les dirigeants d'Omnium et de l'ANC, ont été placées en détention pour sédition.
La perspective d'une sécession panique cependant les milieux d'affaires, qui font aussi pression sur M. Puigdemont. Plus de 900 sociétés ont déjà transféré leur siège social hors de Catalogne.
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