Andrej Babis (ANO)
La question n'est pas de savoir si Andrej Babis avec son mouvement populiste ANO gagnera ou non les élections, mais quelle sera son avance sur ses concurrents et quelle forme prendra la future coalition qu'il devra organiser.
Comme Donald Trump aux Etats-Unis ou Silvio Berlusconi en Italie, ce patron du conglomérat de sociétés Agrofert et deuxième fortune de la République tchèque a su transformer son aura d'homme d'affaires à succès en celle d'homme politique qui, selon ses propres paroles, "n'est pas comme les autres", "bosse" et "ne radote pas".
Le milliardaire d'origine slovaque âgé de 63 ans, ministre des Finances entre janvier 2014 et mai 2017, réussit à séduire les foules malgré des accusations de transactions frauduleuses et aussi de collaboration avec la police secrète communiste avant 1989, que répètent ses détracteurs. Sa récente inculpation dans une affaire concernant le financement de la construction de sa ferme ultramoderne "Nid de Cigogne", examinée également par l'Office européen de lutte antifraude (OLAF), fait surgir la question de comment remplirait ses fonctions un Premier ministre poursuivi par la justice.
Lubomir Zaoralek (Parti social-démocrate CSSD)
Ce pro-européen convaincu saura-t-il stopper la chute libre de la popularité du CSSD souvent attribuée à la politique du Premier ministre sortant Bohuslav Sobotka? Le ministre des Affaires étrangères, âgé de 61 ans, a relevé le gant en acceptant la position de tête de liste du parti social-démocrate. Lubomir Zaoralek assume ainsi le rôle du principal rival d'Andrej Babis, sans toutefois exclure une éventuelle coalition avec ANO. Se souviendra-t-il qu'Andrej Babis l'avait qualifié de "débile" lors d'une conversation avec un journaliste dont l'enregistrement sonore réalisé à son insu a fui sur internet?
Ancien conseiller dramaturgique de la télévision puis enseignant dans la ville industrielle et minière d'Ostrava, Lubomir Zaoralek a commencé à gravir petit à petit les échelons en politique en 1990. Président de la chambre basse en 2002-2006, il dirige la diplomatie tchèque depuis 2014.
Tomio Okamura (Liberté et démocratie directe, SPD)
Une grande inconnue de ces élections: est-ce que le résultat du parti SPD de l'homme d'affaires de 45 ans Tomio Okamura, qui mise sur les sentiments euro-sceptiques et anti-immigration, avoisinera la barre de 10% comme le prédisent certains sondages? Ce fils d'un Japonais et d'une Tchèque qui avait commencé sa carrière professionnelle comme vendeur de pop-corn à Tokyo, sa ville natale, a fait fortune dans le tourisme et la restauration en République tchèque. Elu sénateur en 2012 puis député en 2013 sous les couleurs d'un autre parti d'extrême-droite "Aube de la démocratie directe" qui s'est scindé plus tard, il rencontre un écho surprenant avec son discours xénophobe dans un pays où il n'y a presque pas d'immigrants. Il appelle à l'interdiction de l'islam et de la charia, insistant sur ce qui est selon lui leur incompatibilité avec le droit européen. Les opinions de celui qui affiche ses liens avec le Front national de Marine Le Pen et le groupe Europe des nations et des libertés du Parlement européen ne sont nullement partagées par son frère Hayato, membre du traditionnel parti chrétien-démocrate KDU-CSL, qui n'a pas hésité à dire à la presse que "Tomio agit dans l'intérêt du gouvernement Poutine à Moscou qui déploie tous les efforts en vue d'affaiblir et de démonter l'UE".
Ivan Bartos (Parti Pirate)
C'est sous la houlette de cet informaticien de 37 ans aux traits aigus et aux dreadlocks imposants, diplômé de l'Université Charles de Prague, que les Pirates tchèques espèrent une arrivée historique sur les bancs du parlement. Fondée en 2009, cette formation est devenue au fil du temps une alternative intéressante non seulement pour les jeunes adeptes de la liberté sur internet, mais aussi pour les intellectuels pro-européens partisans de la "vérité et de l'amour", expression qui résume les idées politiques de l'ancien président Vaclav Havel, décédé en 2011. "Nous sommes prêts à représenter une opposition acérée mais prête à soutenir toute proposition raisonnable", souligne Ivan Bartos qui s'est fait connaître aussi comme DJ, chanteur et accordéoniste du groupe de punk-rap "Nohama napred" ("Les pieds devant").
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