"J'ai raté un rendez-vous important avec les Français, ça a suscité de la déception", a admis la patronne du FN en fin d'émission devant la journaliste Nathalie Saint-Cricq, qui animait le débat du 3 mai entre Mme Le Pen et M. Macron.
"Raté", le mot était déjà celui employé par Marine Le Pen mi-mai, une dizaine de jours à peine après l'échec au second tour. "C'est long, le combat politique, c'est dur, c'est compliqué", a-t-elle admis.
Les derniers mois ont en effet parfois pris des allures de chemin de croix pour Marine Le Pen: législatives chaotiques en interne et finalement décevantes, malgré huit députés élus, et retrait de la vie politique de Marion Maréchal-Le Pen puis départ du FN de Florian Philippot, les deux principales figures du FN hormis sa présidente.
Et c'est son meilleur ennemi, Jean-Luc Mélenchon, qui a pris une longueur d'avance comme premier opposant à Emmanuel Macron, quand Marine Le Pen est "sortie du spectre", selon le directeur du département politique et opinion d'Harris interactive, Jean-Daniel Lévy, dans L'Opinion.
L'objectif de l'émission était simple pour Sébastien Chenu, l'un des porte-parole du parti d'extrême droite: "que Marine Le Pen puisse démontrer combien nous sommes la seule véritable opposition à Macron".
En plein examen du budget à l'Assemblée, elle a débattu avec le ministre Gérald Darmanin, pugnace sur son portefeuille des Comptes publics pour défendre la suppression sur trois ans de la taxe d'habitation pour 80% des ménages ou la suppression de l'Impôt sur la fortune (hors patrimoine immobilier).
Pour Marine Le Pen, plus en difficulté sur ces questions économiques, cette dernière mesure est "profondément injuste et indécente". "Vous vous attaquez aux plus faibles. Quelle philosophie peut pousser un gouvernement à baisser les APL et augmenter la CSG pour les retraités ?" a-t-elle attaqué.
Alors que le FN a fait assaut de visibilité dans l'Hémicycle depuis la rentrée parlementaire, M. Darmanin a plusieurs fois accusé Marine Le Pen de peu endosser son nouveau costume de députée du Pas-de-Calais.
- Message "entendu" sur l'euro -
Mais la relance est aussi interne, alors que l'ambiance militante est morose et que les risques judiciaires pèsent sur la patronne du FN, mise en examen dans l'affaire des assistants parlementaires, comme sur le parti, en attente d'un procès pour le financement des campagnes 2012.
Marine Le Pen a pris depuis début septembre son bâton de pèlerin pour une "tournée de refondation" de son parti en vue du congrès prévu les 10 et 11 mars à Lille, où elle sera candidate à un troisième mandat de présidente du FN.
L'une des questions de cette rentrée est le nouveau cap idéologique du FN. Marine Le Pen défend-elle toujours autant la sortie de l'UE et de l'euro, comme ces dernières années ? "Nous allons voir", a-t-elle répondu à deux reprises, tentant de défendre sa vision "pragmatique" et non "idéologique" de la monnaie, et surtout assurant avoir "entendu le message" des Français lors de la présidentielle.
"Si on abandonne la sortie de l'UE et de l'euro, je ne vois pas comment on peut récupérer les souverainetés. Il y a une incohérence pratique. Ou alors c'est de la tactique électorale, mais c'est jamais bon", s'inquiéte un parlementaire frontiste.
Pour M. Philippot, le FN est surtout en train de se radicaliser idéologiquement, et imaginer une Marine Le Pen ainsi affaiblie à l'Elysée est désormais de la "science-fiction".
Florian Philippot "a tort, je crois au contraire que le FN est en train de faire des pas en avant et non pas un retour en arrière", a répondu Marine Le Pen.
Jeudi soir, l'ex-lieutenant n'était pas sur la plateau, après avoir laissé courir la rumeur qu'il serait l'invité mystère face à Marine Le Pen (finalement, c'était l'ex-patronne du Medef Laurence Parisot). Mais lui et ses proches ont multiplié les tweets critiquant sur tous les sujets leur ex-championne.
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