A l'intérieur de la ville d'où l'EI a été chassé mardi, la plupart des positions jusque-là tenues par l'alliance arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS) ont été abandonnées, a constaté une journaliste de l'AFP.
Certains de leurs combattants étaient toujours présents sur la place d'Al-Naïm, dansant et lançant des youyous pour célébrer la victoire contre l'organisation jihadiste la plus redoutée au monde.
Après une bataille de plus de quatre mois, et grâce au soutien des bombardements intenses de la coalition internationale dirigée par Washington, les FDS ont capturé la ville qui était considérée comme la "capitale" de l'EI en Syrie depuis 2014.
Elles ont annoncé mardi la fin des combats, mais les opérations de ratissage, de déminage et de recherche d'éventuelles cellules dormantes se poursuivaient jeudi.
Jihadistes étrangers 'interrogés'
Avec la perte de Raqa, l'EI contrôle désormais 10% du territoire syrien --contre 33% en début d'année--, dont plus de la moitié de la province de Deir Ezzor (est), voisine de celle de Raqa (nord).
L'EI dans la province de Deir Ezzor est la cible de deux offensives antijihadistes distinctes: l'une menée par l'armée syrienne soutenue par la Russie, l'autre par les FDS appuyée par les Etats-Unis.
"Après la fin des opérations militaires, une grande partie des FDS ont quitté Raqa pour d'autres régions, dont Deir Ezzor", a affirmé à l'AFP Mustefa Bali, porte-parole des Unités de protection du peuple kurde (YPG) qui dominent les FDS.
"Certaines forces se sont retirées, d'autres restent à Raqa jusqu'à la fin des opérations de ratissage. Après, la ville sera remise au Conseil civil", a indiqué de son côté la commandante au sein des FDS, Rojda Felat, "star" de la bataille de Raqa.
La gestion de la ville pourrait être confiée dès vendredi à ce conseil, créé par des dignitaires locaux il y a six mois sous la houlette des FDS.
Le conseil s'est déjà penché sur les plans de reconstruction et doit notamment rétablir les services de base et l'infrastructure à cette ville fantôme.
Dans les rues désertes de la ville jeudi, les couvertures qui avaient été accrochées aux fenêtres pour se protéger des tireurs embusqués volaient sous l'effet du vent.
Quelques chats et chiens squelettiques se faufilaient à travers les gravats de la ville, dont 80% est inhabitable d'après un rapport de l'ONU le mois dernier.
Selon un porte-parole des FDS, Talal Sello, aucune nouvelle cachette de jihadistes n'a été découverte jusqu'à présent, mais les interrogatoires de ceux qui ont été capturés ou ceux qui s'étaient rendus étaient toujours en cours.
"Les renseignements des FDS les interrogent, y compris les (jihadistes) étrangers", a-t-il indiqué à l'AFP.
'Par la volonté des femmes'
Sur la place al-Naïm, des combattantes des Unités de protection de la femme -- équivalent féminin des YPG-- ont tenu un point un point de presse pour célébrer leur participation dans la capture de la cité.
A l'instar de Rojda Felat, certains commandants de la bataille étaient des femmes, ce dont s'enorgueillissent les forces kurdes, au vu notamment de l'oppression notoire subie par les femmes du temps de l'EI.
"Raqa a été libérée par la volonté de femmes", ont-elles affirmé dans un communiqué.
Des drapeaux des FDS flottaient sur la place, où les jihadistes avaient par le passé exposé des têtes décapitées de leurs ennemis.
Au milieu, trônait un grand drapeau jaune sur lequel a été apposée une photo d'Abdullah Öcalan, chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), emprisonné depuis 1999 en Turquie.
Il est adulé par beaucoup au sein des YPG, considérées par Ankara comme la branche syrienne du PKK et donc comme "organisation terroriste".
L'EI a capturé en 2014 Raqa, ville à majorité arabe, et la cité est devenue tristement célèbre pour les atrocités commises par les jihadistes ainsi que comme centre présumé de planification des attentats de l'EI en Europe.
Sa perte est un revers majeur pour l'organisation qui avait autoproclamé un "califat" à cheval sur la Syrie et l'Irak. Elle intervient après que l'EI a été aussi chassé en juillet de Mossoul, la ville irakienne qui était leur autre principal fief urbain.
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