"La PJ se trouve au quai des Orfèvres, encastrée dans l'immense bloc du palais de justice. La Seine coule sous les fenêtres". En 1933, sous la plume de Georges Simenon, le père du commissaire Maigret, la prestigieuse police judiciaire parisienne devait rester de toute éternité dans son écrin de l'île de la Cité où elle s'est installée en 1913.
Aujourd'hui pourtant, sous les fenêtres du nouveau "36" (le numéro a été spécialement créé pour le nouveau bâtiment, clin d'oeil d'un monde à l'autre), seul le trafic routier du périphérique parisien s'écoule péniblement.
Mais si la nostalgie des ex-locaux est encore palpable, les avantages du bâtiment de 32.500 m2, qu'inaugure jeudi matin le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, sautent aux yeux de tous.
"Nous étions dans des locaux dont certains dataient de Saint Louis", explique Xavier Espinasse, chef de l'identité judiciaire dont le service était installé quai de l'Horloge.
"L'outil de travail ne correspondait plus aux besoins et aux nécessités actuelles. On avait des locaux qui étaient vraiment atteint d'obsolescence, qui étaient vieillissants, sales, impropres et pas ergonomiques. Ici c'est la modernité", résume Christian Sainte, le patron de la direction régionale de la police parisienne (DRPP).
Tel un talisman, les meubles du "bureau de Maigret", le bureau 315 du chef de la crim', ont toutefois fait le voyage jusqu'à la porte de Clichy, dans un quartier en pleine mutation urbaine.
Situé à l'ombre de l'imposant nouveau tribunal de grande instance de Paris qui va lui aussi quitter l'île de la Cité, le 36 rue du Bastion, long de 90 mètres et haut de 37 mètres, est un bâtiment compact qui paraît enveloppé par une façade composée de facettes de verre.
Passé les lourdes portes, le visiteur pénètre dans un vaste hall qui distribue quatre salles d'attente. L'ensemble a de faux airs de centre hospitalier fraîchement créé.
A tous les étages, de longs couloirs, des salles de réunion, de nouveaux bureaux flambant neufs assortis de très nombreux sas de sécurité, accueillent 1.700 personnes: enquêteurs, personnels scientifiques, administratifs.
Gains à tous les étages
Si la "fourmilière" du quai des Orfèvres craquait sous toutes les coutures, le policier du "Bastion" bénéficie dorénavant d'un environnement de travail "plus spacieux mais aussi plus feutré", comme le souligne une chef de groupe de la brigade de protection des mineurs (BPM).
A l'exception de la brigade de recherches et d'intervention (BRI), toutes les brigades centrales ont été regroupées dans les nouveaux locaux, y compris celles dépendant de la sous-direction des affaires économiques et financières, sises auparavant dans la célèbre rue du Château des Rentiers (13e arrondissement). Une première dans la longue histoire de la PJ parisienne.
"C'est un gain de temps, un gain d'efficacité et un gain humain", se félicite M. Espinasse.
Le déménagement de toutes les équipes s'est étalé de mi-mai à début octobre. Le "Bastion" a déjà pris son rythme de croisière, avec 600 gardes à vue déjà réalisées.
Deux étages du bâtiment sont d'ailleurs dédiés à ce que le jargon policier nomme les "GAV", avec à la clef une petite révolution.
Ce ne sont plus les gardés à vue qui se déplacent pour rejoindre les différents services où auront lieu les auditions. "C'est le contraire", note un policier de l'état-major, avec des salles d'audition dédiées. "Ca sécurise les gardes à vue mais aussi les fonctionnaires, témoins et victimes, en évitant par exemple que les uns et les autres ne se croisent".
Reste un gros point noir: les abords du "Bastion" sont un chantier permanent alimenté par la construction d'immeubles et d'une ligne de tramway, transformant les conditions de circulation en cauchemar.
"Il y a la crainte de perdre en efficacité dès qu'on se déplace", note un délégué syndical, David Alberto. "On est aussi déphasé avec la justice", souligne ce syndicaliste de chez Synergie: le nouveau palais de justice ne tiendra sa première audience que dans six mois.
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