Affaiblie par des élections décevantes le 24 septembre, la chancelière n'a d'autre choix que de tenter de s'entendre avec les libéraux du FDP et les Verts pour former un attelage gouvernemental inédit.
Son parti, l'Union chrétienne-démocrate (CDU), et sa soeur bavaroise CSU ont entamé leurs travaux avec le FDP en milieu de journée, avant de retrouver les écologistes. Vendredi, ils se réuniront tous autour de la même table.
Décrivant un "premier échange très constructif" avec la formation libérale au cours duquel "nous avons parlé des thèmes importants", le secrétaire général de la CDU, Peter Tauber a assuré avoir "une bonne impression".
Son allié bavarois, qui a mis le cap à droite, s'est montré encore plus enthousiaste, jugeant qu'un "grand pas" pourrait être franchi avant la fin de la semaine, selon son secrétaire général, Andreas Scheuer.
Il a toutefois reconnu que les pourparlers avec les Verts, idéologiquement aux antipodes, seraient "un plus gros et plus difficile morceau".
Le FDP, entré en discussion avec moult exigences, a rappelé à quel point cette éventuelle alliance serait contre-nature. "C'est comme dans la recherche: on sait ce qu'on cherche mais on ne sait pas ce qu'on trouve", a prédit sa secrétaire générale, Nicola Beer.
Tempêtes
Ces premiers rounds visent avant tout à prendre la température et à établir les ordres du jour, les négociations sur le contenu devant durer au moins jusqu'à la fin de l'année.
Arithmétiquement, seule cette alliance contre nature sur le papier est possible pour former une coalition majoritaire à la chambre des députés suite à la décision des sociaux-démocrates de rejoindre les bancs de l'opposition.
Mais la dirigeante allemande semble face à une équation impossible depuis les législatives qu'elle a remportées avec le plus faible score pour son camp depuis 1949.
Car les sujets de frictions entre les différentes formations politiques sont nombreux. De l'immigration à la réforme de l'Union européenne, de la transition énergétique à la fiscalité, aucun sujet ou presque ne semble les unir.
Pour ne rien arranger, dimanche le parti de Mme Merkel a perdu l'élection régionale en Basse-Saxe qui deux mois plus tôt lui semblait promise. Cet échec apporte de l'eau au moulin de la droite de la CDU et surtout de la CSU qui cherchent à regagner les voix parties à l'AfD, une formation d'extrême droite qui fait une entrée fracassante au Bundestag.
Malgré tout, la chancelière a assuré lundi ne pas être en position de "faiblesse".
Elle a reconnu que les pourparlers préliminaires allaient probablement durer "des semaines". Et ce n'est qu'en cas de succès que commenceront des négociations sur la composition gouvernementale et sur son programme précis.
'Début de la fin'
Dès lors, au mieux, l'Allemagne aura son nouveau gouvernement pour Noël. Au pire, en cas d'échec, des élections anticipées seront convoquées, ce qui serait une première pour ce pays où la culture du compromis a toujours régné depuis 1945.
Le chef du FDP, Christian Lindner, a déjà revendiqué cette semaine pour son parti le très convoité ministère des Finances, après le départ du conservateur Wolfgang Schäuble. Un portefeuille qu'elle n'est pas prête à lâcher facilement.
Pour nombre de médias, la difficulté de former un gouvernement et l'affaiblissement d'Angela Merkel dans son propre parti annoncent le crépuscule de la chancelière après douze années au pouvoir.
"C'est un phénomène étrange que vit l'Allemagne. On négocie une coalition qu'aucun des partis concernés ne veut vraiment, et au même moment l'auréole de la cheffe du gouvernement pâlit et sa puissance s'effrite", estime sur son site le magazine de référence Der Spiegel.
Dans les rangs de l'opposition, on aiguise d'ailleurs déjà les couteaux. "Merkel a été sévèrement touchée (...) c'est une ambiance de fin d'époque", tacle Carsten Schneider, un responsable social-démocrate.
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