Intitulée "Ralph Gibson. La Trilogie, 1970-74", l'exposition visible jusqu'au 7 janvier 2018, est constituée de 130 tirages noir et blanc à forts contrastes, reprenant pour la première fois l'ensemble des trois recueils du maître du surréalisme et de l'abstraction en photographie.
Selon Gilles Mora, commissaire de l'exposition, Gibson, né en 1939 en terre de cinéma, à Los Angeles, fait partie des "derniers héros de la photographie" américaine et a cherché à créer "une oeuvre littéraire sans écrit", fortement influencée par le cinéma de la Nouvelle Vague française (Jean-Luc Godard ou Alain Resnais), le Nouveau Roman (Michel Butor, Alain Robbe-Grillet...) ou encore par les nouvelles fantastiques de l'écrivain argentin Jorge Luis Borges.
Autodidacte, en rupture avec son milieu familial, Ralph Gibson découvre la photographie à l'âge de 16 ans lorsqu'il s'engage dans la marine américaine. Assistant de Dorothea Lange, il travaille également avec Robert Franck. En 1966, il abandonne la photographie commerciale et documentaire pour se consacrer à des projets artistiques marqués par une introspection croissante et l'affirmation d'une "signature visuelle".
Il s'installe alors à New York, où il vit de façon précaire, se consacrant entièrement à la prise de vue destinée à réaliser un livre photographique dont le langage serait neuf. Dans ce but, il fonde sa propre maison d'édition indépendante, Lustrum Press.
"Chaque image a sa propre vie, son contexte, sa raison d'être", a-t-il expliqué en français lors d'une rencontre avec la presse mardi, incitant le visiteur à la découverte et l'interprétation libre de ses étranges prises de vue.
Un voyage entre rêve et réalité
L'exposition reprend les trois livres qui propulsèrent Ralph Gibson au sommet de la célébrité.
The Somnambulist (Le Somnambule, 1970) constitue "une séquence onirique où toutes les choses sont réelles. Peut-être même plus encore", prévient Gibson dans une introduction écrite. La photographie représentant une main tenant un stylo écrivant un texte invisible sur un fond de dune fait figure de métaphore de ce voyage entre rêve et réalité dans lequel Gibson entraîne le lecteur ou le visiteur de l'exposition.
Deuxième opus et seconde section de l'exposition, "Déjà-vu", publié en 1973 abandonne toute narration pour plonger dans un univers de fantasme et de réminiscence.
Enfin "Days at Sea", en 1974 appartient au registre de l'obsession, de l'intime, des pulsions sexuelles ou fétichistes et se caractérise par un langage visuel épuré à l'extrême.
Les oeuvres présentes dans les trois ouvrages ont en commun des lignes pures, une lumière précise, des points de fuite aboutis, des cadrages serrés, souvent sur des parties du corps. Cette "trilogie", rééditée en un seul volume à l'occasion de l'exposition montpelliéraine, a été accueillie comme un chef d'oeuvre par la critique.
Elle constitue selon Gilles Mora, spécialiste de la photographie américaine et directeur artistique du Pavillon populaire, un livre "total" selon l'expression du poète Stéphane Mallarmé qui résumait ainsi "l'accomplissement de toute oeuvre littéraire".
L'exposition Ralph Gibson est le dernier volet de la saison américaine 2017 du Pavillon populaire après "Notes sur l'asphalte. Une Amérique mobile et précaire, 1950-1990" et l'hommage à l'univers sensible de William Gedney, "grand oublié" de la photographie américaine.
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