"J'ai 73 ans et au moins 67 années de souvenirs à la foire Saint-Romain, raconte Gérard Poetschke, le cogérant du restaurant forain l'Ours noir. Je suis né à Elbeuf, je viens ici depuis mon enfance." C'est une sorte de rituel, chaque année, à la même époque, les forains reviennent à Rouen (Seine-Maritime). La deuxième plus grande foire de France accueille 220 stands. "Pour nous, la Saint-Romain, c'est la consécration d'une année, le dernier grand rendez-vous avant l'hiver", poursuit Gérard Poetschke.
Un héritage
Avec le déplacement de la foire de la rive gauche vers l'esplanade Saint-Gervais, il a fallu réécrire un peu l'histoire, réorganiser l'espace et retrouver un emplacement pour tout le monde. "Les places ont été attribuées par ordre d'ancienneté, d'abord aux grands manèges qui ne peuvent pas être placés n'importe où? puis aux plus petits", explique Jean-Loup Gervaise, l'adjoint en charge de la foire. Un emplacement que les forains gardent ensuite chaque année. "C'est transmissible aux enfants, un peu comme un héritage", précise l'élu.
De génération en génération, l'histoire se perpétue. "C'est une tradition pour nous car nos grands-parents venaient déjà à la Saint-Romain, raconte Pierre Hector, le président du comité de défense de la foire. Ils avaient des petits théâtres, il ne faut pas oublier que ce sont aux qui ont apporté le cinéma de ville en ville." Depuis, la foire a beaucoup évolué, "si on se marie avec quelqu'un qui sait faire de la chantilly, on ouvre une confiserie", plaisante Pierre Hector. Les stands changent mais ils sont tenus par les mêmes familles. "Les enfants ont une scolarité un peu hachée, ils vont au moins dans cinq classes différentes chaque année, ceux qui s'échappent pour faire autre chose sont assez rares mais on incorpore beaucoup de jeunes gens qui se marient avec des non-sédentaires", indique Gérard Poetschke.
Reine de la Saint-Romain
La vie de forain, c'est un rythme particulier, avec des mois un peu plus creux et des moments assez intenses. "C'est parfois beaucoup de travail, mais quand l'heure du service arrive, l'adrénaline monte et on fait ça ensemble", poursuit le gérant du restaurant l'Ours noir. De quoi souder un peu plus les familles.
Nathalie Gillot et son mari viennent depuis plus de vingt ans à la Saint-Romain. Ils tiennent un stand de tir à la carabine. Autour d'eux, les autres emplacements appartiennent aussi à des membres de leur famille. Sept camions au total, les uns à côté des autres. Et ses enfants aussi ont leur place sur l'esplanade Saint-Gervais. "Ils ont ça dans le sang et puis, la foire, c'est quelque chose de magique, quand vous voyez les petits émerveillés par les manèges, les lumières, on apporte de la joie aux gens et pour nous, c'est quelque chose de très important", confie-t-elle. Dans le regard de Nathalie, il y a beaucoup de bienveillance et aussi un peu de fierté: "Ma fille a été élue reine des forains une année, j'espère que ma petite-fille le sera un jour".
Du vendredi 20 octobre au dimanche 19 novembre. Esplanade Saint-Gervais à Rouen.
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