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Après #balancetonporc, Sandra Muller dénonce certains milieux "protégés"

Tout est parti d'une "blague" avec une amie au téléphone, raconte Sandra Muller, initiatrice vendredi du hashtag #balancetonporc qui, dans la foulée des révélations sur Harvey Weinstein, a enflammé Twitter en France et au-delà.

Après #balancetonporc, Sandra Muller dénonce certains milieux "protégés"
Sandra Muller à l'origine du hashtag #balancetonporc lors d'un entretien avec l'AFP le 16 octobre à New York - Angela WEISS [AFP]

Cette femme de 46 ans, directrice d'une lettre spécialisée sur l'audiovisuel et installée à New York depuis quatre ans avec ses deux enfants, explique comment le scandale sur le tout-puissant producteur de cinéma américain l'a affectée, et comment elle espère que son hashtag pourra faire avancer les choses face au harcèlement sexuel.

QUESTION: Comment est venue l'idée de lancer ce hashtag sur Twitter, et comment avez-vous réagi face à son succès?

REPONSE: J'étais très choquée par l'affaire Weinstein ici, je trouvais que ça prenait des proportions incroyables (...) Ensuite j'ai vu une énorme photo dans Le Parisien où ils appelaient (Weinstein) +le porc+, et puis j'étais avec une amie au téléphone et on parlait des problèmes de harcèlement, et c'est venu comme une blague, je lui ait dit, tiens, +Je vais lancer un hashtag qui va s'appeler #balancetonporc+, c'est absolument pas classe mais c'est rigolo, et je l'ai lancé pendant que je lui parlais et au départ ça n'a pas donné grand chose... ça n'a pas été immédiat, mais au bout de cinq, six heures, j'ai commencé à avoir un flot de tweets incontrôlables, à tel point que j'ai reçu un message pour savoir si c'était bien mon tweet qui était utilisé.

Je ne suis absolument pas professionnelle des tweets, je ne cherchais pas le +buzz+ (...) J'ai été dépassée. Maintenant j'essaie de contrôler tout ça, de répondre vraiment aux gens, surtout ceux qui ne sont pas d'accord avec nous - je dis +nous+ parce que c'est pas moi, c'est les autres, moi j'ai juste créé un hashtag!

'Pas d'autre solution'

Q. Quelle différence faites-vous entre les Etats-Unis et la France sur ces questions?

R. Il y a quand même une différence de culture et une différence de regards: ici, je peux me promener comme je veux sans qu'on me fasse aucune remarque. Et allez essayer de faire une blague potache ici dans une entreprise (...) votre collègue de bureau, vous allez voir, ca va être direct une amende et tout un système qui va se mettre en route, il y a des numéros que vous pouvez appeler.

Malheureusement, il y a certains milieux qui sont protégés, comme le cinéma, l'audiovisuel on l'avait déjà vu avec le harcèlement à Fox News, ce sont toujours un peu les mêmes qui cultivent l'omerta, même dans ce pays qui cultive le respect de la femme au travail.

Q. Pensez-vous que votre hashtag puisse être utile et avoir un effet à long terme?

R. L'utilité, c'est d'abord pour ceux qui écrivent ces témoignages, ça permet de parler, de faire un premier pas. Après, elles peuvent réfléchir, voir les autres réactions, et se dire peut-être +on va faire un autre pas+ (...). Le hashtag ne se substituera pas à la justice, ça doit être complémentaire, mais qu'est-ce que vous voulez faire, 3 ans, 4 ans après, dans des commissariats engorgés ou dans un milieu d'omerta où les gens ne peuvent pas parler ? Il n'y a pas d'autre solution...

J'espère un durcissement (de la loi en France). On a une secrétaire d'Etat qui va déposer une loi sur le harcèlement dans la rue, j'aimerais bien, sans l'avoir fait exprès, qu'il y ait un durcissement dans les entreprises, je crois que ce sont les entreprises qui ont le pouvoir de décider. J'ai confiance en mon gouvernement français même si je suis expatriée (...), je suis à peu près persuadée qu'ils ne vont pas abandonner le combat.

Propos recueillis par Catherine Triomphe

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