Le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy l'a sommé de donner sa réponse d'ici 10h00 locales (08h00 GMT). Si M. Puigdemont refuse de renoncer à l'indépendance, ou reste évasif, Madrid lui laissera un ultime délai jusqu'à jeudi matin avant de suspendre l'autonomie de la Catalogne, en vertu de l'article 155 de la Constitution.
Cette prise de contrôle risque de pousser dans la rue des Catalans attachés à leur autonomie retrouvée après la dictature de Francisco Franco (1939-1975), même s'ils restent très divisés sur la question de l'indépendance.
Le gouvernement espagnol, les dirigeants européens et les milieux d'affaires ont appelé le leader catalan à faire marche arrière, alors que des centaines d'entreprises ont commencé à fuir la région.
Les alliés de M. Puigdemont et les puissantes associations séparatistes, à l'inverse, l'encouragent à aller de l'avant pour proclamer sans équivoque la naissance de la "République de Catalogne".
La télévision catalane TV3 a rapporté dimanche que M. Puigdemont donnerait "une réponse plus élaborée" qu'un simple "oui ou non", ce qui risquerait de prolonger la plus grave crise politique que traverse l'Espagne depuis le retour de la démocratie en 1977.
Boîte de Pandore
Le leader séparatiste sait que céder à Madrid indignerait les séparatistes. Les uns après les autres, ses alliés lui ont demandé ces derniers jours de mettre en oeuvre le résultat du référendum d'autodétermination du 1er octobre, interdit par la justice, où le "oui" à l'indépendance a recueilli 90% des voix avec une participation de 43%, selon le gouvernement catalan.
La rue aussi se mobilise, avec des concerts de casseroles, et dans la ville de Gérone, dont M. Puigdemont a été le maire, des centaines de personnes se sont rassemblées dimanche pour réclamer la République.
Le dirigeant catalan avait suspendu mardi dernier la déclaration d'indépendance qu'il avait à peine annoncée, pour laisser une chance au "dialogue" avec Madrid et à une médiation qu'il appelle de ses voeux.
M. Rajoy se dit prêt à discuter si les dirigeants catalans reviennent à la légalité, mais le numéro deux de l'exécutif catalan Oriol Junqueras a mis les points sur les i samedi: le dialogue ne peut porter que sur l'indépendance de la "République de Catalogne".
Quant à la médiation, M. Rajoy ne veut pas en entendre parler, et les Etats membres de l'Union européenne l'écartent pour ne pas affaiblir Madrid et ouvrir la boîte de Pandore des sécessions possibles à travers l'Europe.
"L'Espagne nous vole"
Ils répètent d'ailleurs qu'en cas de sécession, la Catalogne quitterait automatiquement l'UE et aurait du mal à y revenir face au veto prévisible de Madrid.
M. Puigdemont et son prédécesseur Artur Mas avaient pourtant assuré pendant des années à leurs électeurs que l'Union européenne devrait accepter le fait accompli de l'indépendance.
Ils avaient également promis une prospérité nouvelle, une fois que cette région qui compte pour 19% du PIB de l'Espagne cesserait de payer des impôts "injustes" à Madrid. Le slogan était: "L'Espagne nous vole".
Au lieu de cela, la perspective d'une sécession a fait fuir des centaines de sociétés, à commencer par les deux grandes banques catalanes, qui déplacent leur siège social hors de la région.
Un phénomène qui rappelle l'exode des grandes entreprises canadiennes quand le Québec flirtait avec l'indépendance dans les années 70. Elles avaient fui Montréal vers Toronto, pour ne plus revenir.
La menace des poursuites judiciaires pèse aussi sur les leaders séparatistes. Lundi, le chef de la police catalane, Josep Lluis Trapero, et deux chefs des grands groupes de pression indépendantistes catalans, ANC et Omnium, comparaissent pour la deuxième fois devant un juge d'instruction. Ils sont inculpés pour sédition dans leur rôle lors d'une grande manifestation contre la police nationale et pendant le référendum.
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