"Travailler avec Robert De Niro et Al Pacino, c'était la partie facile du film ! Ce sont des acteurs tellement talentueux... Les diriger fut un pur moment de plaisir", a confié à l'AFP le réalisateur, avant de donner une masterclass et de présenter aux cinéphiles de ce festival consacré aux classiques du 7e art, une version restaurée du long-métrage de près de trois heures.
Considéré comme l'un des chefs-d'oeuvre de la filmographie Mann, "Heat" avait à l'époque (1995) fasciné la planète cinéphile pour avoir réussi à réunir ces deux monstres sacrés du 7e Art, vingt ans après "Le parrain II", de Francis Ford Coppola.
Dans une scène mythique du film, confrontant les deux acteurs dans un face-à-face de six minutes, Michael Mann s'emploie avec malice, au moyen de champs et de contre-champs habilement distillés, à ne jamais les associer dans un même plan.
"Il n'y a jamais eu aucun problème avec eux sur le plateau. Tous les acteurs du film ont travaillé ensemble, dans une bonne entente. Le plus difficile a davantage été pour moi, car il m'a fallu me hisser à leur niveau !", a-t-il concédé.
"Heat" narre le duel psychologique à distance entre Vincent Hanna (Al Pacino), un flic de la police criminelle, et Neil McCauley (Robert de Niro), un malfrat spécialiste du braquage de banques finement ciselé, mais dont la dernière sortie a tourné au bain de sang.
Michael Mann explique avoir imaginé le récit "complexe" de "Heat" comme "une partition musicale", avec "un refrain" où le scénario de ce polar stylisé se stopperait temporairement pour se concentrer sur la vie personnelle des deux protagonistes. "Et ainsi impliquer émotionnellement le spectateur", dit-il.
"Le film a constitué un challenge pour moi car toute sa dialectique, qui mène à la mort de l'un des deux personnages, ne pouvait se concevoir sans un investissement émotionnel du spectateur", a souligné Michael Mann, considérant toutefois "Révélations" (1990) comme son film "le plus recherché sur la forme".
"Heat est davantage un drame qu'un polar à mes yeux. Je voulais faire en sorte que le spectateur puisse se connecter simultanément avec chacun des personnages et avoir autant d'empathie pour l'un que pour l'autre".
Une mini-série sur la guerre du Vietnam
Évoquant son approche du 7e Art, découvert à l'université alors qu'il est âgé de 20 ans, Michael Mann dit faire attention à ne pas plonger ses films dans la nostalgie, coupable à ses yeux "d'écarter le spectateur du récit".
"La nostalgie, c'est la passivité du spectateur. Je n'aime pas que mes films empruntent ce chemin parce qu'il les pousse à être de simples observateurs. Je veux que nous soyons tous acteurs du film d'une manière ou d'une autre".
"Le cinéma, c'est rêver", souligne également celui qui se rappelle avoir été "subjugué par le cinéma muet expressionniste de Murnau, puis, en 1963, par "Docteur Folamour", de Stanley Kubrick. "Ce film m'a ébloui", di-t-il.
Michael Mann travaille actuellement sur l'adaptation en mini-série de huit épisodes de "Hue 1968", le dernier roman de Mark Bowden contant la bataille décisive menée au sein de cette ville durant la Guerre du Vietnam et qui changea la tournure des événements.
"Le récit se fera au travers de la vie de vingt personnages différents. J'envisage un genre de storytelling très ambitieux".
Le cinéaste américain s'emploie également à rendre possible le tournage d'un western baptisé "Comanches" - avec Hugh Jackman -, qui se déroulera en 1873 aux États-Unis au coeur de ce peuple indien "guerrier" et commerçant.
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