Dix-sept ans après le triomphe des "Dix commandements", cinq ans après le moindre succès d'"Adam et Eve", Pascal Obispo parachève un triptyque de comédies musicales bibliques avec "Jésus, de Nazareth à Jérusalem".
Il en signe la musique quand le réalisateur Christophe Barratier ("Les Choristes") est l'auteur du livret et de la mise en scène de cette "fresque musicale" présentée à partir de mardi au Palais des sports de Paris, puis en tournée en province et à Bruxelles.
Entre les murs ocre d'une cité antique habillée d'effets spéciaux, les deux hommes ne livrent pas un "biopic" mais déroulent les trois dernières années de la vie de Jésus, de son baptême dans les eaux du Jourdain jusqu'à sa crucifixion au Golgotha et même à la Résurrection.
La variété pop caractéristique du style Obispo, épicée ici de sonorités orientales, est chantée par une troupe emmenée par le Jésus au doux visage et à la barbe bien taillée du Libanais Mike Massy.
Dans une courte vidéo réalisée par la production, le compositeur dit avoir voulu retrouver la "période assez pure, assez innocente" de son enfance, celle du catéchisme et de la première communion. Christophe Barratier a voulu "partir des Evangiles" en restant "très humble" devant un sujet qui "nous dépasse".
Même si l'initiative n'est pas confessionnelle, ses producteurs se sont appuyés sur les réseaux chrétiens, des partenaires médias (comme le puissant site évangélique Info Chrétienne) jusqu'aux diocèses catholiques, pour assurer le bouche-à-oreille.
'Puissance subversive'
Evêque auxiliaire de Paris, Mgr Eric de Moulins-Beaufort est sorti assez emballé d'un filage partiel. "Le récit des Evangiles est plein d'une tension dramatique que les auteurs font bien ressortir", a-t-il confié à l'AFP. Même si, sourit-il, "dans les Evangiles c'est encore mieux raconté!"
La Conférence des évêques de France (CEF) a fait de la figure de Jésus un des principaux piliers de sa communication numérique, quand elle a lancé en novembre 2013 son site jesus.catholique.fr pour faire découvrir à un public non initié "la beauté de la rencontre avec le Christ". Moins de quatre ans plus tard, le site approche les deux millions de pages vues et enregistre 20.000 visites en moyenne par mois, selon la CEF.
Présent de la salle de spectacle au web, Jésus n'a pas déserté les librairies, au contraire. Fait exceptionnel, deux encyclopédies qui lui sont consacrées paraissent cet automne. L'une, chez Bayard, fait le point sur les "progrès considérables" de la recherche historique depuis les années 1980. L'autre, à paraître jeudi chez Albin Michel et plus volumineuse encore, croise en suivant le récit de l'évangéliste Luc des regards d'historiens, théologiens, psychanalystes...
L'exégète suisse Daniel Marguerat, qui a introduit la première encyclopédie et contribué à la seconde, voit dans la "bonne surprise" de cette double parution la preuve que Jésus "reste une grande figure de la spiritualité mondiale", exerçant "une attraction tant pour les croyants", évalués à plus de 2,2 milliards sur la planète, que "pour les non croyants".
Des églises se vident? "Le besoin de spiritualité demeure", estime Daniel Marguerat, qui note "la recherche d'un accès à Jésus moins médiatisé par les institutions".
"L'abaissement de la puissance institutionnelle religieuse laisse émerger intact le potentiel de la personne de Jésus", abonde l'essayiste Christine Pedotti, coordinatrice de la somme d'Albin Michel, qui aime à souligner "la puissance subversive" du Christ.
"Un va-nu-pieds de Galilée qui finit crucifié comme un malfrat à Jérusalem: cela devrait passer inaperçu dans l'Histoire, or ça devient un événement fondateur d'une tradition et d'une culture, et à deux mille ans de distance la chose continue à intéresser des milliards de gens à travers le monde", résume-t-elle. Autour d'une question presque intacte: "Qui donc était ce bonhomme ?"
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