Ce scrutin est suivi avec attention dans une Europe exposée à la montée des partis populistes et anti-migrants.
En Autriche, pays de 8,7 millions d'habitants, l'extrême droite eurosceptique est ancrée sur la scène politique depuis plusieurs décennies et elle espérait même, il y a quelques mois, faire élire son chef, Heinz-Christian Strache, au poste de chancelier.
La donne a changé lorsque Sebastian Kurz, actuel ministre des Affaires étrangères, a pris le contrôle, en mai, d'un parti chrétien-démocrate (ÖVP) à bout de souffle et a mis fin à dix années de grande coalition avec les sociaux-démocrates, provoquant des élections anticipées.
Ce jeune homme au visage adolescent est depuis lors le favori des sondages, crédité d'une large avance avec environ 33% d'intentions de vote.
"Wunderwuzzi
Chemise blanche, veste sombre mais sans cravate comme à l'accoutumée, il a voté en fin de matinée, dans le quartier populaire de Vienne où il a grandi, appelant à "un changement" pour l'Autriche gouvernée au centre depuis 2007.
Avec une image de modernité, un discours très ferme sur l'immigration, des promesses d'allègements fiscaux, le "Wunderwuzzi" (enfant prodige) de la politique autrichienne a su ranimer la flamme de l'électorat conservateur.
M. Kurz devance largement dans les intentions de vote le chef du FPÖ Heinz-Christian Strache, 48 ans, et le chancelier social-démocrate Christian Kern, 51 ans, au coude à coude pour la seconde place.
Christian Kern, qui a également voté à Vienne, a dit miser sur une "surprise" pour faire mentir les sondages qui le donnent perdant après une fin de campagne entâchée d'un scandale de "fake news".
Quelque 6,4 millions d'électeurs sont appelés à voter jusqu'à 17H00 (15H00 GMT). Les premières estimations sont attendues à la fermeture des bureaux de vote. Un nombre record de 890.000 bulletins de vote par correspondance ont été distribués, dont le dépouillement, à partir de lundi, pourrait être décisif en cas de résultats serrés.
Crédité d'environ 25% d'intentions de vote, le FPÖ pourrait renouer avec le score historique réalisé en 1999 par Jörg Haider, le prédécesseur et mentor de M. Strache. Le parti était alors entré au gouvernement au côté des conservateurs, entraînant des sanctions européennes, scénario aujourd'hui peu probable.
"Paradis" autrichien
Si M. Kurz n'a exclu aucune option, une coalition avec le FPÖ est considérée comme l'hypothèse la plus probable.
"Je ne suis pas sûre que le pays ait besoin de grands changements", confiait pourtant Tina Ernest, dans un bureau de vote dimanche. "En Autriche, nous vivons toujours au paradis", ajoutait cette électrice.
Pays prospère, un des plus riches de l'UE, mais insécurisé par la crise migratoire, l'Autriche avait déjà exprimé en 2016 sa lassitude de la grande coalition perçue comme impuissante et divisée.
Lors de la présidentielle, les sociaux-démocrates et l'ÖVP avaient ainsi été éliminés dès le premier tour, du jamais vu. Le candidat d'extrême droite Norbert Hofer s'était incliné de peu au second tour face à l'écologiste libéral Alexander Van der Bellen.
Christian Kern, issu du monde de l'entreprise avait été nommé à la chancellerie en mai 2016 à la suite de cette bérézina.
Comme le chef des sociaux-démocrates allemands Martin Schulz, M. Kern a indiqué que le SPÖ siégerait dans l'opposition en cas de défaite. Mais il pourrait lui-même être contesté au sein du parti, dont une aile ne serait pas hostile à une coalition avec M. Kurz, voire avec l'extrême droite.
Une alliance entre M. Kurz et M. Strache pourrait infléchir la ligne jusqu'à présent très europhile du pays, le FPÖ prônant notamment un rapprochement avec le groupe de Visegrad, comprenant des pays comme la Pologne et la Hongrie qui multiplient les bras de fer avec Bruxelles.
"Le FPÖ comme partenaire de gouvernement ne ferait pas bonne impression en Europe et M. Kurz est conscient de ça, commente le quotidien conservateur Standard dans son édition dominicale. Mais la question est de savoir s'il y aura moyen de faire sans lui après l'élection".
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