Le programme, baptisé "Rebond", "m'a appris à ne pas considérer la maladie comme un passage négatif mais comme un socle, un point de départ", résume Pierre (le prénom a été modifié, ndlr), un enseignant de 43 ans parmi les 5 premiers à avoir testé --"par curiosité"-- le dispositif à l'été 2016.
A l'origine de cette nouvelle méthode avec l'Université d'Aix-Marseille, le directeur général de l'IPC, le professeur Patrice Viens. Pour son élaboration, il a oeuvré avec plusieurs entraîneurs de haut niveau, dont Claude Onesta, sélectionneur de l'équipe de France de handball de 2001 à 2016.
Les participants du programme Rebond ont tous le même profil: ils ont reçu une greffe de moelle osseuse prélevée sur un autre individu, une allogreffe, explique le Professeur Viens. "A partir du 100e jour après l'opération, les patients ne viennent plus en consultation, mais ils ont de grosses difficultés à se projeter", a-t-il constaté.
D'après une étude de 2009, les taux de dépression chez une population allogreffée sont 2 fois plus élevées que chez des patients atteints d'autres types de cancer. Pour le professeur Viens, "on est dans une situation de guérison apparente mais le patient n'arrive pas à se relancer dans sa vie, comme les sportifs de haut niveau peuvent avoir du mal à trouver la motivation".
Premiers résultats 'spectaculaires'
"Ces patients subissent des soins lourds et longs et sont donc confrontés à des difficultés particulières quand ils abordent leur rémission et, finalement, leur victoire contre la maladie", renchérit le professeur Didier Blaise, Chef du département onco-hématologie à l'IPC.
C'est dans ce cadre qu'à 6 reprises, Pierre a rencontré sur le campus universitaire de Luminy, au pied des calanques, un entraîneur de sportifs de haut niveau. La coupure avec le monde médical est totale: "On ne parle plus de la maladie, on parle de nous, de l'avenir".
"C'est crucial que le coaching n'ait pas lieu à l'IPC et ne soit pas fait par les médecins, notre job c'est de faire disparaître la maladie, on n'est pas formés pour l'après", explique le professeur Viens.
Mais surtout, raconte Pierre, "le coach permet d'orienter le rebond, de ne pas faire n'importe quoi!". "Je m'étais programmé des choses, mais ça m'a discipliné", explique le quadragénaire. Avec la maladie, ce sportif avait "perdu beaucoup de poids et de masse musculaire": "Seul, je me serais remis à marcher vite, loin, fort, et je me serais planté". Avec l'aide du coach, il se fixe des objectifs réalistes, d'abord "marcher 300 mètres". 18 mois plus tard, il parcourt 50 kilomètres à vélo.
Au-delà de la performance physique, le programme "m'a permis de révéler des qualités que j'avais en moi, que la maladie m'avait fait utiliser", assure-t-il aujourd'hui.
Les premiers résultats du programme de recherche, "spectaculaires" pour ses promoteurs, ont ouvert de nouvelles perspectives, notamment l'ouverture à d'autres cancers. "Rebond" va désormais intégrer une centaine de patients sur trois ans, avec notamment un soutien du conseil départemental des Bouches-du-Rhône. Une formation d'"onco-coaching" doit aussi voir le jour à l'Université d'Aix-Marseille dans les mois à venir.
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