Quelque 18 millions d'électeurs sont appelés à voter dans plus de 13.000 bureaux de vote à travers ce pays pétrolier qui ouvriront à partir de 06h00 heure locale (10h00 GMT). Il s'agit de désigner ceux ou celles qui dirigeront les 23 Etats vénézuéliens pour les quatre prochaines années.
C'est le premier duel électoral, avec un an de retard, depuis la large victoire de la coalition d'opposition de la Table de l'unité démocratique (MUD) lors des législatives de décembre 2015, qui a mis fin à plus de 15 ans d'hégémonie chaviste (du nom du défunt Hugo Chavez, président de 1999 à 2013 et mentor de l'actuel chef de l'Etat Nicolas Maduro).
Le vote intervient alors qu'un calme surprenant règne au Venezuela depuis deux mois, après la vague de manifestations souvent violentes qui a submergé le pays d'avril à juin, faisant 125 morts. A l'appel de l'opposition, les protestataires exigeaient le départ du président Maduro mais ils n'ont finalement rien obtenu.
Après avoir boycotté l'élection des membres de l'Assemblée constituante, les anti-Maduro ont revu leur stratégie et appellent la population à voter pour "libérer le pays de la dictature de Maduro", selon un des leaders de l'opposition, Henrique Capriles.
Le chef de l'Etat socialiste considère, lui, avoir remporté le bras de fer dans la rue et fait de ce scrutin une consécration de sa toute-puissante Assemblée constituante, élue fin juillet mais hautement contestée par ses adversaires et une bonne partie de la communauté internationale.
"Ceci est une victoire de la démocratie socialiste. Celui qui ira voter sera en train de le faire en faveur de la Constituante et de la démocratie révolutionnaire", a déclaré le président à la veille du scrutin.
Nouveau bras de fer
Nicolas Maduro a d'ores et déjà prévenu que les futurs gouverneurs élus devront "prêter serment et se soumettre" à l'Assemblée constituante, faute de quoi ils seront destitués.
Ce qui laisse entrevoir un nouveau bras de fer dès lundi, l'opposition ayant rejeté cette exigence.
"Je suis motivée pour aller voter, car la situation est grave. Il faut se battre pour manger. Tu peux dépenser un demi-salaire pour un repas", déclare à l'AFP Teresa Paredes, 55 ans.
Le camp du président Maduro détient 20 des 23 Etats au Venezuela, les trois gouverneurs restants étant membres de la coalition d'opposition. Les instituts de sondage anticipent 11 à 18 gouverneurs pour le camp anti-Maduro. Le taux de participation sera décisif, une abstention élevée jouant en faveur du gouvernement, estiment les analystes.
"Il ne s'agit pas de gouverneurs ou de partis, mais de battre Maduro. C'est une journée historique, le début d'une nouvelle étape de pression qui va se poursuivre", a prévenu le député Freddy Guevara, un des leaders de l'opposition, qui fait face au découragement de ses partisans.
"La haine accumulée et l'impuissance face au manque de solution à la crise font de ces élections une opportunité pour envoyer un message de mécontentement", a déclaré à l'AFP Jesus Seguias, directeur de l'institut Datincorp.
Plombé par un taux d'impopularité record, 80% des Vénézuéliens rejetant son action, le chef de l'Etat cherche à retrouver un peu d'air, tant au Venezuela qu'à l'extérieur après une série de sanctions financières américaines.
Le dialogue entre ces deux camps antagonistes, qui avait timidement repris début septembre en République dominicaine, a été gelé depuis, l'opposition estimant que les conditions n'étaient "pas réunies".
Anti et pro-gouvernement "attendent le résultat (du scrutin) pour voir ce qui se passe" et quel sera le rapport de force dimanche au soir, selon le politologue Francisco Suniaga.
Nombre de Vénézuéliens n'ont plus d'espoir dans la capacité des hommes politiques à sortir le pays de la crise. Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit un effondrement du PIB de 12% en 2017 et une inflation de 652,7%.
Aucun observateur international n'a été accepté pour le vote de dimanche.
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