"La balle est dans son camp", ont-ils prévenu dans un communiqué commun. Interrogés par l'AFP, tous disent espérer "qu'il aura entendu le message" et "que le ministre arrivera à ce rendez-vous avec de nouvelles propositions".
Le gouvernement doit "clairement revoir ses positions", dit Mylène Jacquot (CFDT), "tenir ses promesses et être sérieux", ajoute Bernadette Groison (FSU), "redonner confiance aux agents par un signe fort", estime Luc Farré (Unsa).
Qu'il "arrête sa posture dogmatique sur la diminution de la dépense publique et défende un vrai modèle social, à un moment où l'Europe a plus que jamais besoin de cohésion sociale" dit Christian Grolier (FO), tandis que pour Denis Turbet-Delof (Solidaires), il doit "engager une véritable réflexion sur la question des services publics qui ne soit pas assortie de préalables budgétaires ou structurels".
"Je veux croire à l'intelligence et qu'il arrivera au minimum avec de fortes inflexions", résume Jean-Marc Canon à la CGT, premier syndicat de la fonction publique. "Si ce n'est pas le cas, c'est qu'il joue la carte de l'affrontement", prévient-il.
Les désaccords portent sur le fond mais aussi sur la forme, les syndicats ayant peu apprécié d'être informés de la plupart des mesures par voie de presse et conviés à des réunions dites de "concertation" où "les choix étaient déjà arbitrés".
Ils dénoncent en priorité la promesse, non respectée, du président de la République, d'augmenter le pouvoir d'achat des fonctionnaires à l'occasion de la compensation de la hausse de la CSG, car les agents publics ne bénéficieront pas de la baisse des cotisations salariales contrairement aux salariés du privé.
'Tour de passe-passe'
Or, le gouvernement a non seulement annoncé le gel du point d'indice, qui sert au calcul de leurs rémunérations, mais contrairement aux engagements du ministre qui a assuré qu'"aucun agent public ne verra son salaire baisser", il n'envisage qu'une compensation partielle de la hausse de la CSG, alors "qu'un tiers des agents ont vu leur rémunération nette baisser en 2015 et qu'elle n'a augmenté que de 0,6% en moyenne contre 1% dans le privé", selon l'Unsa.
Les syndicats dénoncent unanimement le "tour de passe-passe mensonger" du gouvernement affirmant que leur pouvoir d'achat a augmenté de 2% en moyenne en 2016 et de 4% en 2017.
Basés sur "le coût global de la masse salariale divisé par le nombre total d'agents", ces chiffres ne sont "pas représentatifs de l'évolution des rémunérations" des fonctionnaires. "C'est comme si on incluait le salaire du PDG de Renault, Carlos Ghosn, dans la masse salariale du groupe pour avancer une hausse moyenne des salaires", résume Solidaires.
Pour lutter contre l'absentéisme, le gouvernement prévoit aussi d'imposer aux fonctionnaires un jour de carence (arrêt maladie rémunéré à partir du deuxième jour, NDLR), qui n'est pas compensé par leurs employeurs, contrairement au secteur privé.
Il souhaite enfin supprimer 120.000 postes d'ici 2022 dont 70.000 dans la fonction publique territoriale (1,98 million d'agents) et 50.000 dans la fonction publique d'Etat (2,48 millions).
Les syndicats s'inquiètent en outre pour leur statut qui vise à les protéger, tout comme les usagers, de tout clientélisme.
La rémunération au mérite ou en fonction du versant de la fonction publique, évoquée par Emmanuel Macron, ou l'exclusion des organisations syndicales d'une réflexion sur les missions et les réformes envisagées ajoutent à leurs craintes.
Le Premier ministre, Edouard Philippe, a nommé vendredi le comité de 34 membres chargé de cette mission, codirigé par le président de Safran, le franco-australien Ross McInnes, l'ex-directrice de cabinet de Manuel Valls à Matignon et cadre dirigeante de Nexity, Véronique Bédague-Hamilius, et le directeur de Sciences Po Paris, Frédéric Mion.
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