"Le vol du scooter par mon frère a été désagréable pour moi en tant que musulman, j'ai été pris en otage", a plaidé l'accusé qui dit avoir été mis devant le fait accompli avec ce vol dont il n'était pas informé.
Il reconnaît s'être douté que son frère utiliserait le puissant engin pour des actes de délinquance mais pas pour commettre des assassinats, comme l'affirme l'accusation sans pour l'instant avoir pu le démontrer.
Abdelkader Merah est accusé d'avoir sciemment facilité "la préparation" des crimes de son frère en l'aidant notamment à dérober le scooter et lui achetant un blouson utilisés lors des assassinats de sept personnes dont trois enfants juifs entre les 11 et 19 mars 2012 à Toulouse et Montauban.
Au centre des débats, la journée du 6 mars 2012 où le vol du scooter a été réalisé, le blouson acheté ainsi qu'une cagoule utilisés par Mohamed Merah qui s'est également renseigné sur le moyen de désactiver un dispositif de géolocalisation fixé sur le deux-roues.
Trois personnes étaient présentes ce jour là aux côtés de Mohamed Merah: son frère Abdelkader, un ami de la cité, Mohamed Mounir Meskine, et un délinquant, Walid Larbi Bey, dont l'accusé n'a livré le nom aux policiers qu'après son assassinat en août 2014 dans un règlement de comptes.
Sur cette journée cruciale deux thèses s'affrontent: celle d'un acte prémédité défendue par l'accusation et celle d'un vol d'opportunité plaidée par la défense. Pour l'accusation, les renseignements sur le "tracker" (dispositif de géolocalisation) ont été collectés avant le vol, après pour la défense.
La cour ne dispose pour trancher que de quelques repères horaires authentifiés dont celui du vol du scooter commis à 16H43 et de l'achat du blouson à 18H28, mais le reste est sujet à interprétation.
'Le troisième homme'
Pour Abdelkader Merah, la séquence débute vers 11H30. Il raconte avoir croisé son frère dans leur quartier, ce dernier lui proposant de l'accompagner pour acheter un blouson de moto.
Vers 14H00, les frères Merah partent de la cité des Izards à Toulouse où réside la famille puis vont chercher un troisième homme, Mohamed Mounir Meskine. Ils se rendent ensemble dans un magasin pour établir un devis pour la réparation de la moto de l'accusé, accidentée par Meskine, avant de revenir aux Izards où Meskine est déposé.
Les frères Merah embarquent alors un autre passager, Walid Larbi Bey, "pour aller acheter le blouson".
"Sur le chemin, mon petit frère me dit d'arrêter. Il sort pendant que je discute avec Larbi et je le vois passer quelques minutes plus tard aux commandes d'un TMAX Yamaha 530, sans casque". Mohamed Merah vient de dérober un puissant scooter dont le propriétaire, parti chercher une facture dans un garage automobile, avait laissé les clefs de contact.
Abdelkader et son passager suivent la moto jusqu'à une résidence du nord de Toulouse où elle sera garée.
"C'est Larbi qui m'a dit: +suis-le+", a justifié l'accusé expliquant avoir voulu protéger son frère contre un éventuel "justicier" qui aurait pu les poursuivre. "C'est Larbi qui a indiqué où cacher le scooter", a-t-il ajouté. Et c'est encore lui, selon l'accusé, qui a informé Mohamed Merah que l'engin était équipé d'un "tracker".
"Mais pourquoi ne pas avoir donné le nom de ce troisième homme qui pouvait conforter votre thèse avant sa mort ?", ont demandé des avocats de familles de victimes.
"Je ne pouvais pas. Regardez ce qui est arrivé à Meskine", a-t-il répondu.
Considéré un temps comme le complice des Merah, Mohamed Mounir Meskine a été mis en examen et incarcéré cinq mois avant de bénéficier d'un non-lieu.
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