Daniel Pennac, dans un seul en scène, interprète son Journal d'un corps au Rive Gauche le 20 octobre 2017: un roman publié en 2012, touchant, sensible et drôle.
Comment est né le roman qui a inspiré la pièce?
"C'est un sujet qui me poursuit depuis longtemps. J'avais écrit un texte dans cet esprit dans les années 80 mais qui ne m'avait pas satisfait et que j'ai finalement détruit. C'est en 2005, alors que je faisais cuire une truite avec un ami médecin, que j'ai eu une révélation: j'allais écrire ce texte sous la forme d'un journal dans lequel le personnage raconterai sa vie à travers les états de son corps. C'était la première fois que j'écrivais sous la forme d'un journal. Ce n'est pas un journal intime, ni sentimental ni psychologique, mais c'est à la fois un dialogue avec le corps et l'esprit, une exploration de son propre corps et la conquête de l'esprit sur le corps. J'ai commencé par dresser une miscellanée de tous les organes et les affections puis autour de ces sujets j'ai imaginé l'histoire du narrateur."
Quel est le véritable sujet du Journal d'un corps?
"La trame de ce journal c'est l'évolution du corps entre deux états de surprise: le passage de l'enfance à l'adolescence et le passage de la maturité à la vieillesse, c'est-à-dire ce qui se constitue et ce qui se déglingue. Mais ce n'est pas le journal d'un hypocondriaque. Ce journal suit le parcours de vie du narrateur de l'âge de ses 12 ans à sa mort. Le texte commence par une lettre du narrateur à sa fille. Il lui confie à sa mort son journal. 'Ce n'est pas un traité psychologique, lui dit-il, mais un jardin secret qui est à bien des égards notre territoire commun.' Si ce journal parle de l'intime, il vise néanmoins à l'universel."
Qui est le narrateur?
"C'est un enfant absolument chétif dont le père, survivant de la guerre, a été amputé de tous ses désirs et de tous ses rêves. Il subit une mère autoritaire mais bénéficie de la tendresse du père. Alors que son père s'apprête à mourir, dans l'urgence il lui transmet des leçons de "petite philosophie" et l'enfant prend grâce à lui la décision de rédiger son journal d'un corps."
Comment ce texte a-t-il été adapté au théâtre?
"Le texte n'a pas été écrit spécialement pour le théâtre. C'est l'idée de la metteure en scène Clara Baueur d'adapter au théâtre ce Journal d'un corps. C'est la deuxième fois que j'interprète sur scène un de mes livres. Ce n'est pas seulement une lecture même si le livre comme un compagnon m'accompagne sur scène, mais c'est aussi et surtout une interprétation de ce texte écrit à la première personne. Lorsque le texte a été mis en scène au Théâtre des Bouffes du Nord à Paris, nous avions créé trois versions différentes en procédant à des coupes du roman avant de choisir cette version finale d'1h30. Clara Bauer a fait le choix d'une mise en scène épurée dans laquelle par exemple un jeu de lumières plus ou moins vives évoque les différents âges de la vie."
Quel part accordez-vous à l'humour?
"L'humour permet de tenir la dramatisation à distance, ce n'est pas la peine d'en rajouter, la vie est assez pénible comme ça."
Pratique. Vendredi 20 octobre à 20h30. Le Rive-Gauche à Saint-Étienne-du-Rouvray. Tarifs 10 à 20€. Tél. 02 32 91 94 94
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