Lille, Lens, Roubaix, Grenoble, Toulouse, Villeurbanne, Saint-Denis, Clichy, Aulnay, Saint-Herblain... Depuis l'annonce de son lancement mi-août par le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, au moins une trentaine de communes, selon une source proche du dossier, se sont portées candidates à l'expérimentation qui doit débuter début 2018.
Un double pari puisque seule une quinzaine de sites seront retenus pour l'expérimentation, comme l'a annoncé le directeur général de la police nationale (DGPN) Eric Morvan, mais aussi parce que contours et contenu de cette police de sécurité du quotidien restent encore vagues.
"On ne sait pas ce que le ministre met derrière ces mots", commente Renzo Sulli, maire (PCF) d'Echirolles (Isère), qui avec ses homologues de Grenoble et Saint-Martin-d'Hères, s'est porté candidat pour expérimenter la PSQ.
"Malgré tous les moyens déployés", il y a toujours "20 points de vente de drogue sur ma ville", souligne Bruno Beschizza, maire (LR) d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), qui fut le théâtre de "l'affaire Théo", jeune homme victime d'un viol présumé à la matraque lors d'une interpellation par la police.
"Quand le ministre de l'Intérieur dit: +on va mettre en place un nouveau système+, je dis banco", affirme l'élu.
Seule certitude, le gouvernement ne veut pas que la future police du quotidien soit un retour à la police de proximité, symbole de la politique sécuritaire de Lionel Jospin, brutalement supprimée par Nicolas Sarkozy.
"La police de proximité à Lille avait donné de très bons résultats", relève pourtant la maire (PS) Martine Aubry, l'une des premières à se porter candidate à l'expérimentation.
"Sous tension "
La police de proximité avait permis de renouer "de très bons rapports avec la population", après une "période de grande tension", ajoute-t-elle. "Aujourd'hui, les rapports sont plus éloignés, parce que les policiers ne sont pas assez nombreux." Il faut "mettre à nouveau les policiers dans la rue, dans les micro-quartiers", poursuit Mme Aubry, qui attend encore du concret sur cette nouvelle police dont "le gouvernement n'a pas défini vraiment la mission exacte et, surtout, les moyens".
La question revient systématiquement dans la bouche des élus interrogés par l'AFP. "Si ça n'apporte pas de moyens supplémentaires, ça fera vite flop", estime le maire d'Echirolles.
"Si c'est un recyclage d'effectifs, l'efficacité attendue ne sera pas au rendez-vous", abonde Jean-Luc Moudenc, le maire (LR) de Toulouse.
Quatorze ans après sa suppression, la "pol prox" a laissé plus ou moins de nostalgie; en revanche, les suppressions de postes sous Nicolas Sarkozy, qui "ont mis les forces de l'ordre sous tension", font l'unanimité contre elles.
"On a obtenu en 2016 sous Cazeneuve 30 policiers supplémentaires soit un quart de ce qui a été détruit par Sarkozy", relève Eric Piolle (EELV), maire de Grenoble. "Il est primordial que la PSQ amène des moyens supplémentaires pour permettre de répondre aux délits de basse intensité qui parasitent le quotidien des nos concitoyens."
"Quotidien? Ca veut dire que c'est durable, tous les jours, on crée des liens avec les habitants, les commerçants. Les opérations coup de poing sont utiles mais ce n'est pas ça qui déstabilise les groupes de dealers qui vendent leur came au vu et au su de tout le monde. Il faut leur contester le territoire!", avance le maire d'Echirolles.
Selon les communes, les attentes fortes liées à la PSQ diffèrent comme varient le niveau et les formes prises par la délinquance (atteintes aux personnes, aux biens, les incivilités, les occupations illicites de l'espace public, trafic, etc).
Adjoint au maire (PS) en charge de la sécurité à Villeurbanne, près de Lyon, Didier Vullierme se dit convaincu que la PSQ "peut apporter des réponses", mais il sait aussi que "tout ne se résoudra pas d'un coup de baguette magique du jour au lendemain".
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